D’Internet au web

Les modèles de production et de circulation des contenus ont été les plus touchés par la naissance d’Internet ces dernières années. C’est pourquoi, cette partie est une étape clé du livre, car elle permet de comprendre les raisons des changements majeures touchant l’édition aujourd’hui. Ce résumé arbore ainsi l’histoire d’Internet dans sa globalité. Il mentionne ces débuts dans les années 50 avec les premières idées de réseau, jusqu’à la création d’Internet dans les années 70, sans oublier l’apparition et le développement du web vers les années 1990.


1950-1965 : Le projet de réseau de Paul Baran soldé par un échec 

Dans les années 1950-1960, en pleine période de guerre froide, les militaires américains s’aperçoivent que leur système de communication est trop fragile en cas d’ attaque nucléaire. C’est alors que des chercheurs se mettent à créer un réseau de communication militaire en intégrant la notion de réseau maillé avec des noeuds d’interconnexion, capable d’être assez robuste en cas d’attaque. Par la suite, Paul Baran, eu l’idée de créer un réseau sous forme de grande toile. Il mit donc au point un réseau d’architectures étoilées et maillées dans lequel les données se déplaçaient de façon dynamique, en cherchant la ro
ute optimale (la moins encombrée), et en patientant  si toutes les routes étaient encombrées. Cependant, la multinationale américaine de télécommunications (AT&T) ne souhaitait pas développer ce réseau car ses dirigeants le considérait comme une sorte d’auto-concurrence fatale pour leur business.


1962-1968 : La naissance d’ARPAnet

L’ARPA (Advanced Research Projects Agency) va également permettre le développement d’Internet. J.C.R Licklider y est embauché pour étudier le « contrôle-commande » et les « sciences du comportement ». Par la suite, des chercheurs vont chacun travailler sur des systèmes informatiques interactifs et collaboratifs. C’est en 1965, que l’ordinateur Lincoln Labs TX-2/ANS/Q-32 communique pour la première fois avec le SDC’s Q32 de Thomas Marill, qui a développé le réseau et c’est d’ailleurs ce même réseau qui s’appellera en 1968 : ARPAnet. ARPAnet naît donc d’une vision sociale de l’interconnexion des hommes et des ordinateurs.


1969-1978 : Internet : ouverture des codes et appels à contribution permettent la création des protocoles

Après la création d’ARPAnet, il manque une étape décisive pour considérer la naissance d’Internet : la description des protocoles de communication. Cette étape fut réalisée en 1969 par un groupe d’étudiants qui proposèrent des « Request For Comments » (RFC) qui constitue une série numérotée de documents officiels décrivant les aspects techniques d’Internet, ou de différents matériels informatiques. Cette ouverture a permis de constater un premier petit résultat qui est la création du « Network Control Protocol » (NCP). Plus tard, c’est en réalité la Standford Research Institute qui réalise la première communication par interconnexion de réseau, ce qui contribua à la naissance d’Internet. En mai 1974, Vint Cerf et Robert Kahn publient ce qui devient le protocole TCP (Transport Control Protocol). En janvier 1978, après plusieurs révisions du protocole TCP, c’est le protocole IP (Internetworking Protocol) qui voit le jour.


Fin des années 1970 et début des années 1980 : la démocratisation des ordinateurs personnels

Internet s’est développé dans notre société par le biais de l’apparition soudaine des ordinateurs personnels, ce qui a permis d’élargir l’usage d’Internet en sortant des sentiers battus des universités et des centres de recherche. Ken Olsen et Harlan Anderson ont crées par la suite la « Digital Equipment Corporation », le premier ordinateur interactif. En parallèle, on assiste au déploiement d’interfaces graphiques intuitives mais aussi à l’apparition de microprocesseurs. Mais c’est en 1975 qu’un réel changement apparaît avec l’Altair 8800. Il s’agit de l’un des premiers micro-ordinateurs vendu aux particuliers. Cet ordinateur fut un réel succès et engendra le développement d’autres microprocesseurs (Motorola, Intel, Texas Instrument, etc…) avec des capacités de calcul et de mémoires qui ne cessèrent d’augmenter.
Dès 1972, les groupes hippies pensent que l’ordinateur est perçu comme un outil de réalisation personnelle. C’est en reprenant cette même perception que Steve Wozniak, membre du « Homebrew Computer Club », (club d’informatique de la Silicon Valley, qui réunissait des passionnés d’informatique dont Steve Jobs) met en oeuvre le premier Apple I. C’est en 1977, avec l’Apple II que la notion d’ordinateur personnel installé par l’utilisateur à partir d’éléments très simples à assembler, se met en place.
En 1979, VisiCalc, premier logiciel tableur pour ordinateur individuel marque un tournant en fournissant à l’utilisateur non-informaticien, la possibilité de réaliser des feuilles de calcul. Le marché s’impose vraiment alors. En 1981, IBM vend son premier PC, le « 5150 » et conclu un accord avec Microsoft qui doit fournir un système d’exploitation au PC, tout en pouvant vendre son système aux concurrents d’IBM. Avec cet accord, IBM peut alors faciliter l’installation à ses utilisateurs, mais cela permis également de cloner sa propre machine avec des logiciels attractifs. Ainsi, les ordinateurs personnels et toutes les innovations qui s’y raccrochent, ont abouti au fait qu’Internet soit le support d’interconnexion d’un nombre incalculable d’utilisateurs.


1975 : The Well, le premier réseau social

L’usage de l’informatique se démocratisait ainsi petit à petit, mais les utilisateurs téléphoniques ne pouvaient pas encore accéder à Internet de chez eux. Cela s’explique par le fait que les conditions d’usage du téléphone étaient très réglementées avant 1975. Ce n’est que après 1975 qu’il est devient possible de mettre sur une ligne téléphonique d’autres terminaux que ceux de l’opérateur.
En 1977, Ward Christensen invente le modem et crée le « Xmodem » destiné aux PC. Par la suite, Tom Jennings développe « Fidonet”, un réseau d’échange de messages à échelle mondiale, dans le but de mettre en communication des ordinateurs personnels entre eux. « The Well », une communauté virtuelle, prend alors ces outils pour rassembler une communauté plus dynamique autour d’une liste de diffusion. C’est alors que le premier réseau social est né.


1984 : le réseau des réseaux

Internet se met en place petit à petit dans le secteur scientifique et professionnel. La NSF (National Science Fondation) a mis en place l’interconnexion de ses principaux réseaux par un « backbone » (réseau informatique). S’en suit le développement rapide de NFSNET, une agence indépendante du gouvernement des Etats-Unis, qui vise à soutenir financièrement la recherche scientifique fondamentale.


1979-2009 : une histoire des structures de gestion de l’Internet

Le développement d’Internet s’effectue en même temps que la mise en place de méthodes de gestion originale. En 1979, Vincent Cerf avait crée l’Internet « Configuration Control Board » transformé en 1983 par Barry Leiner en Internet « Activities Board » et réorganisé en 1989 entre « l’Internet Engineering Task Force » et « l’Internet Research Task Force ».
En 1992, l’Internet Society est créée. La même année, la NSF (National Science Fondation) sélectionne la compagnie Network Solutions pour mettre à disposition les services d’assignation des noms de domaine et des adresses IP associées.
En 1996, l’International Ad Hoc Committee (IAHC) suggère une autre approche pour réserver des domaines de haut niveau aux gouvernements et pour mettre en place des règles d’arbitrage pour éviter les conflits de nom. L‘IAHC est ensuite agréée et ses conclusions sont reprises pour créer une société à but non lucratif, « l’Internet Corporation for Assigned Names and Numbers » (ICANN). En 2009, l’ICANN n’est plus contrôlé par les États-Unis, mais géré cette fois-ci par une gestion intergouvernementale.


1990 : Apparition du World Wide Web

L’Organisation européenne pour la recherche nucléaire (CERN) réalise une sorte de « clé de voûte » dans le but de parfaire l’environnement numérique qui gagne le monde grâce à l’interconnexion des réseaux et par la mise en relation d’ordinateurs personnels.
Dans les années 1980 le CERN dispose de beaucoup d’ordinateurs peu compatibles entre eux. C’est alors qu’est développé un logiciel « l’Enquire » composé de documents reliés par des hyperliens bidirectionnels permettant de démontrer les relations entre personnes, programmes et systèmes se croisant au CERN.
Vers 1988, « l’Enquire » est amélioré afin de mettre en relation des composantes pas seulement documentaires de différents environnements hétérogènes. Pour cela, un système de nommage est crée en utilisant un principe d’identification universelle : « L’Universal Resource Identifier » (URI). Le concept du World Wide Web est alors né. Vers 1990, le langage HTML est crée ainsi qu’un premier navigateur pour le web.


Les années 1990 : l’emballement

D’autres navigateurs se développent et on assiste également au développement du navigateur « www » pour Unix. En 1993, un nouveau navigateur est crée le « Mosaic ». En 1994, Netscape, un autre navigateur web est crée. Celui-ci a dominé le monde et entre en bourse dans les année 1990. Le web devient alors très important dans le secteur économique avec l’apparition du e-commerce. En 2000, la bulle internet éclate entraînant de nombreuses faillites.


Depuis 1994 : l’histoire en construction

En 1994, le World Wide Web Consortium (W3C) naît et assure la promotion de l’interopérabilité et la standardisation des technologies web. En parallèle, l’histoire de l’open source s’inscrit dans le même domaine que l’histoire du web et est le symbole de la réussite du développement d’Internet. Les terminaux du web se multiplient. En 2013 32%, des habitants du monde sont des internautes.
En 1995, Google naît. La possibilité de trouver de l’information devient alors la clé du succès du web. Cependant avec son développement sensationnel, de nombreux utilisateurs laissent des traces. La question du statut des traces est alors posée du point de vue de la vie privée, de leur propriété, de l’éthique et de leur utilisation, etc…
En 2003, le web 2.0  est né. Les internautes peuvent désormais contribuer à l’échange d’informations et interagir de façon simple. Se pose alors la question du statut du document numérique à l’ère du web puisque les réseaux sociaux se développent à l’échelle mondiale et les écrits des utilisateurs deviennent des données pour des logiciels du web (BigData). Les écritures collaboratives surgissent avec Wikipédia notamment. Par la suite, la notion de web sémantique apparaît grâce à une communauté de chercheurs et d’entreprises innovantes (suite au chapitre 4).

Ainsi, nous nous inscrivons chacun aujourd’hui dans un environnement numérique qui ne cesse d’évoluer et de se développer au sein du monde entier.

Ci-dessous, une vidéo synthétique de l’histoire de l’Internet pour les moins courageux :[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=gtk0mXw7XKs[/youtube]

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