Le nouveau visage du reportage français

 

Bienvenue dans notre série  « à la découverte des formes numériques ». Nous parlerons d’un genre encore nouveau pour l’édition française : le journal narratif. Nous essayerons de répondre à la question suivante : dans un monde où internet est aimé pour son instantanéité, comment le long format peut-il plaire ? Nous étudierons dans un premier temps la définition du sujet, puis inspecterons l’aspect web de cette forme d’écriture.

 

Qu’est-ce que c’est ?

Le journalisme narratif, d’origine d’Amérique du nord aurait débuté avec l’auteur anonyme de « Confession of a literay journalist » dans la revue littéraire The Bookman, mais pourquoi ce changement ?

Ce style d’écriture très répandu aux Etats-Unis se définit comme une œuvre hybride, un croisement entre la littérature et le journalisme et c’est donc un nouveau visage du journalisme. En effet, le côté narratif se tient dans le fait que ce soit un récit, c’est une mise en fiction de faits réels à travers des personnages, des verbes d’émotions, un style d’écriture et sa longueur se rapprochant du livre. Le journalisme quant à lui va garder sa mission de vouloir informer en explorant, expliquant, racontant les faits à travers les détails bien plus nombreux que dans un article de presse dit normal.

Le journalisme narratif se différencie aussi par la subjectivité que peut prendre le narrateur en contant une histoire. Dans certains cas, l’article peut être même conté par le pronom personnel « je ». Ainsi, il est créé une bulle dans laquelle le journaliste va vouloir faire ressentir des émotions, comme dans une fiction, en plus d’informer son lecteur sur un sujet précis.

Ce genre ancien est connu sous bien des noms différents : narrative non-fiction, creative non-fiction, journalisme long format ou encore mook, importé des pays anglo-saxons se fait connaitre par le pionnier français : la revue XXI en 2008. Cette revue entre dans la catégorie des mooks (mi-magazine mi-book). La revue s’apparente au magazine en raison de sa forme : 200 pages, publiée quatre fois par an et au livre en raison de son contenu : 200 pages d’histoires vraies. La volonté des fondateurs est de « rassembler le meilleur du journalisme avec le meilleur de l’édition ». Ce format étant sur presse papier à ses débuts,  connait évidemment la rencontre avec le web. C’est pour cela que, 2014 est l’année de naissance de différents sites web spécialisés dans ce type d’édition.

 

Et le web dans tout ça ?

Le terme storytelling signifie raconter une histoire et bien scrollitelling signifie : raconter en déroulant – son écran – et le premier en la matière a été le magazine New Yorks Time avec son récit : « Snow Fall, The avalanche at Tunnel Creek ». Le journalisme long format permet au grand reportage français un nouveau tournant. C’est dans ce même esprit que différents e-magazines ont émergé tels que : Ulyces, Le Quatre heure ou encore Ijsberg.

Le paradoxe entre ces deux sujets est leur contrariété flagrante. La qualité première du web est l’instantanéité de l’information ainsi que la courte longueur. Dans un monde où nous courrons après le temps, pourquoi décider d’écrire des longs, voire très longs articles ? Cet acte traduit une volonté de changer les habitudes de lecture et de s’informer. Ces nouveaux magazines en ligne souhaitent redonner une lettre de noblesse à l’information, notamment à sa qualité. En effet, le Quatre Heures parle de média « slow info » c’est-à-dire qu’il souhaite « prendre le temps : le Quatre Heures c’est faire une pause, s’arrêter sur un sujet et faire naviguer le lecteur dans une histoire, un univers, par des personnes que l’on raconte avec des détails, des anecdotes que l’on n’aurait pas eues si on n’avait pas fait ce travail de terrain. » (streetpress)

Le web, allie donc le journalisme, le graphisme et le développement au service d’un nouveau genre d’écriture. En effet, les illustrations permettent une meilleure immersion dans l’univers de l’histoire et ainsi, une meilleure interactivité entre le journal et le lecteur. C’est ainsi, que ce style d’article séduit de plus en plus de lecteurs.  En effet, l’Equipe s’est lui aussi mis au journal narratif avec « Explort », ses articles permettent de recenser 700 à 800 000 visites par mois dont la visite de 5000 lecteurs qui n’avaient jamais été sur le site auparavant. Impressionnant, n’est-ce pas ?

 

Quel est mon avis ?

 Au premier bord, cela peut paraitre risqué car, comme le soulève la problématique nous sommes dans un monde où tout doit être instantané, à l’instar de ce que proposent ces journaux. Cependant, la curiosité émanant de ma personne ne peut qu’apprécier le concept puisque les détails sont à mon avis les éléments les plus importants dans une histoire : chaque détail compte. De ce fait, me proposer un article qui est raconté comme une histoire pour m’apprendre quelque chose : je dis oui.

En parallèle il faut prendre en compte que cela ne peut pas plaire à tout le monde. Beaucoup de personnes n’aiment pas la subjectivité, ils veulent lire un article de journal objectif : juste des faits. Ceci est un aspect que je peux très bien comprendre car je ne peux m’empêcher de penser que les médias étaient et sont encore utilisés comme objet de propagande, donc les articles peuvent influencer d’une mauvaise ou d’une bonne manière. Mais, en relativisant la chose, la problématique d’influence n’est pas posée seulement pour le journalisme narratif mais bien pour le journalisme de manière générale.

 

Le journalisme narratif est un genre ancien qui s’adapte parfaitement aux nouveaux médias. La preuve étant qu’il ne s’accroche pas uniquement aux articles de presse mais aussi au cinéma avec « La cité de Dieu » ou encore par la réalité augmentée proposé par « Sept » le mook Suisse.

Bien que nous soyons dans un monde où nous courrons après le temps, les grands reportages ont encore bien leur place. La nécessité de bien s’informer est loin d’être négligeable, à l’heure où les stéréotypes sont encore bien présents dans la société, le manque de savoir ne serait qu’amplifier un problème déjà bien ancré.

 

WEBOGRAPHIE

Définiton Mook (en ligne)

Disponible sur : https://fr.wikipedia.org/wiki/Mook_(presse)

 

Laurent Di filippo : [Article thématique] Le journalisme narratif à l’ère du web : une autre manière de raconter le monde ? (en ligne)

Disponible sur : http://mf.hypotheses.org/298

 

Elena Joset : [Mémoire] Slow Média : émergence d’un journalisme narratif sur le web. (en ligne)

Disponible sur : http://elena-joset.fr/memoire.pdf

 

Marie Vanoost : [PDF Ethique et expression de l’expérience subjective en journalisme narratif (en ligne)

Disponible sur :

https://surlejournalisme.com/rev/index.php/slj/article/download/102/44

 

Edito : Le scrollitelling, ou le retour du long format sur la Toile (en ligne)

Disponible sur : https://www.edito.ch/fr/le-scrollitelling-ou-le-retour-du-long-format-sur-la-toile/

 

Streetpress : le journalisme « long format » fait sa rentrée sur le web (en ligne)

Disponible sur : https://www.streetpress.com/sujet/1411144127-le-journalisme-long-format-fait-sa-rentree-sur-le-web

 

RFI : le journalisme « long format » fait sa rentrée (en ligne)

Disponible sur : http://www.rfi.fr/emission/20140920-1-journalisme-format-web-quatre-heures-ulyces-ijsberg-streetpress

 

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