Le Big Data représente-t-il un danger ?

 De nombreux domaines font aujourd’hui face à l’explosion du Big Data, ces volumes conséquents de données qui rendent possible l’analyse de très vastes ensembles de données hétérogènes. Ces données peuvent être traitées et exploitées dans le but d’en tirer des informations intelligibles et pertinentes. Il est certain que le traitement de ces masses de données jouera un rôle primordial dans la société de demain. Néanmoins, bien que cela marque une grande avancée, cette récolte de données toujours plus grandissante ne représente-t-elle pas des risques pour les individus ou pire un danger pour la société ?

Les Big Data qu’est-ce que c’est ? 

Les Big Data sont caractérisées par la règle des « 3V », le Volume, la Variété et la Vitesse. Le volume correspondant au gros volume de données brutes et la variété aux données hétérogènes qui composent les Big Data. La vitesse elle, correspond à la rapidité à laquelle sont générées les Big Data, parfois en continue, ce qui implique de les traiter rapidement, voire en temps réel. Aujourd’hui les Big Data sont ancrées dans des domaines aussi variés que les sciences, le marketing, les services clients, le développement durable, les transports, la santé ou encore l’éducation. Cela, dans le but de permettre aux entreprises ou à l’Etat de mieux comprendre leur environnement et leurs utilisateurs. Dans le cas des entreprises par exemple, l’exploitation de Big Data offre de nombreuses possibilités qui permettent d’analyser au mieux le besoin de leurs clients, de mieux les connaitre et pourquoi pas même de détecter les tendances. Dans le cadre administratif les Big Data permettent entre autres à l’Etat de mieux détecter les fraudes mais également de comprendre les préoccupations des citoyens.

Les risques du Big Data

Cette technologie en plein essor offre un nombre considérable d’avantages et marque une avancée révolutionnaire en plus d’être pleine de promesses pour les entreprises. Mais, comme toute avancée technologique, le Big Data a ses limites et cela nous amène à nous questionner sur les risques majeurs potentiels de vulnérabilité du Big Data.

Il s’agit d’abord d’un risque éthique, rappelons-nous du scandale « Prism », programme américain de surveillance électronique par la collecte de renseignements à partir d’Internet. La transmission de données de ce programme de surveillance, qui a été découvert et que le service administratif américain minimise, remet totalement en cause le respect de la vie privée des individus. Le modèle prédictif, pouvant être utilisé par les compagnies d’assurances pour refuser des traitements ou des clients, lui aussi vient se positionner dans la liste des risques du Big Data. D’ailleurs, la Ligue des droits de l’Homme a ouvert un séminaire autour de l’exploitation des données et des algorithmes dans le champ des assurances qui serait susceptible d’entrainer des dérives tel que des risques importants de discrimination. Dans un tout autre domaine, on pourrait même se demander si Big Data et santé sont compatibles puisque l’exploitation de données personnelles irait finalement à l’encontre du secret médical. Enfin, il y a le problème de la sécurité des données puisqu’il est très difficile de stocker une masse de données aussi conséquente sans aucun risque d’intrusion. Quant à la liberté des individus, le Big Data n’entrave-il pas nos libertés ?  La frontière entre les libertés individuelles et l’exploitation des données est assez étroite, et il s’avère délicat de tirer profit de ces données tout en respectant les libertés de chacun.

Facebook relance le débat avec l’enquête qui la cible, soupçonnant le réseau social d’avoir livré des données à une société britannique à des fins politiques. L’affaire du Cambridge Analytica, société privée anglo-américaine, se positionnerait comme une société capable d’influencer des électeurs grâce à un mélange entre le Big Data, le profilage psychologique et le microtargeting. Dans cette affaire il y a une dérive évidente de l’exploitation des données, soit de la part de Facebook soit de la part de cette société. Cela confirme encore une fois le problème que pose la sécurité des données personnelles. En effet, il y a dans un cas ou dans un autre, si cette enquête se révèle être avérée, un abus de l’exploitation des données personnelles.

Une technologie à surveiller de près 

Néanmoins, malgré les failles potentielles, le Big Data marque une révolution dans le numérique et les algorithmes de plus en plus intelligents sont totalement représentatifs du Big Data. Facebook par exemple a mis au point une fonctionnalité permettant à Messenger de regarder dans notre album les photos que nous avons prises avec nos amis Facebook et nous invite à les partager avec eux.  Cet algorithme de reconnaissance faciale est une avancée énorme à l’échelle d’un ordinateur. Avec l’avènement des algorithmes, des récoltes de données, ce type d’analyse est désormais possible. Cela est d’autant plus une réussite qu’avant les photos et les vidéos étaient considérées comme des données « non-structurées ». Ainsi, l’ordinateur n’avait pas les références nécessaires pour déterminer l’identité de la personne ou le lieu où la photo a été prise. Aujourd’hui les photos peuvent être analysées par des algorithmes qui leur donne une vraie structure. Une toute nouvelle ère de données voit le jour et les réseaux sociaux en sont les premiers concernés.

La Big Data a eu un succès certains chez Target et Amazon notamment, qui ont utilisés les Big Data dans le but de gagner des avantages compétitifs dans la vente. Dans son livre, Nate Silver mentionne comment l’utilisation massive des données, en informatique, a permis d’améliorer la qualité des prévisions météorologiques, en particulier au cours des vingt-cinq dernières années. Toutefois, Silver souligne également que la prévision météorologique est limitée quant à l’utilisation et à la précision lorsqu’elle est appliquée sur des dates plus éloignées de plus qu’une semaine. C’est une façon pour Silver, d’indiquer la puissance et les limites des Big Data. Certes, il y a quelques succès des Big Data, mais vous remarquerez que les mêmes exemples que ceux que l’on vient de présenter reviennent couramment. Cela vient du fait qu’ils sont relativement rares, même si des marques comme Amazon, Tesco et Google le font depuis plusieurs années.

Finalement, nous ne pouvons pas nier que le Big Data peut se révéler dangereux pour les individus et la société en raison des dérives et des failles qu’il peut induire. En revanche, le Big Data marque une avancée incontestable et il convient de renforcer la surveillance de l’exploitation de ces données pour en éviter les dérives.

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