Forgotten Planets de Takayuki Fukata

Une jeune femme, une autre jeune femme.
Une ville, un port, des containers, des grues.
Sons aquatiques et boisés, comme par le souffle d’une flûte. Délicats bleus argentés des paysages urbains, glissant au loin.

C’est dans un éloignement à elles-mêmes que la solitude se passe pour ces « êtres humaines », au-delà de la vie urbaine, des communications à distance, des non-dits, des séparations.

Mais les dirait-on moroses, les deux héroïnes ? Pas question. Elles sont doucement tenaces, elles pérégrinent dans les rues, poursuivant chacune un manque, un doute, un désir. Elles tiennent debout. Leurs fêlures, en creux, ne nous parviennent que voilées, comme nous ne percevons qu’assourdis les bruits de la ville.

La vie est là, le monde est là tout autour, mais tenus à distance. Pour pouvoir y revenir quand on est prêt ? Parce que l’irréel peut envahir la vie quotidienne ? Comme le scénario du déménagement sur Mars le distille en voix off, on y vit comme avant, sur Terre : « Rien n’a changé. » C’est la continuité qui devient alors saugrenue – en particulier pour les planètes oubliées ?

En fin de compte, les oublié(e)s, ce ne sont pas les planètes mais ceux qui les cherchent en vain, errant dans l’espace, n’ayant que des données à se mettre sous la dent. Nous aussi – qui sait ? – serions des organismes flottant dans l’atmosphère cinématographique, à la recherche d’un réel qui nous échappe, ou d’un imaginaire sensible où se rencontrent vraiment les êtres.

Sylvie COURROY

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