Les idées s’améliorent de Léo Richard

Drôle de titre ! Lui accorder quelque crédit ? Trop de positivisme ! Y voir l’empire « des ruines humaines (et) les délices de la cruauté » comme l’écrit Lautréamont ? Possible, cette source est  revendiquée. Lui concéder une bonne dose d’ironie ? Certainement. Le film traque les dérives possibles : la machine a des limites, l’homme des ressources, s’il ne consent pas à demeurer le jouet.

 

Dans une soupente, de jeunes chercheurs sont collés à leur écran. Ils doivent attribuer à un corpus de mimiques constitué d’extraits de films anciens ou récents, des mots qui expriment une idée, une émotion, un sentiment. Le patron vautour qui les épie d’un étage supérieur travaillerait-il pour quelque société privée, de l’intelligence artificielle, soucieuse d’acquérir une maîtrise sur l’être humain ? Fantasmes de spectateur ?  Pourquoi pas.

 

Ces jeunes gens, au service d’un patron, cynique tyran, deviennent eux-mêmes des sujets d’étude pour le spectateur. Que traduit leur visage : application, agacement, anxiété, soumission, curiosité, volonté d’en découdre quand la machine s’affole et que l’homme face à l’obstacle décide de mener une enquête, cinématographique ?  Quel acteur et dans quel film avait ce sourire inqualifiable, maudit ou surréel ?

 

Un court métrage existe sur Les Chants de Maldoror, celui du japonais Shûji Terayama sorti en 1977. Dans la fiction de Léo Richard, le Premier Chant aurait été tourné par une réalisatrice, mais jamais projeté. Fausse piste.

Michel Brume retrouvé, l’acteur au sourire énigmatique, se dérobe, ce film a bousillé sa carrière !

 

Un montage rythmé des mises en abyme, de la fiction dans la fiction, fera de nos visages de spectateur un nouveau sujet d’étude : attentifs, surpris, déboussolés, dépassés, satisfaits, goguenards, vaniteux, malicieux…

 

Léo Richard joue avec la part maudite du cinéma, nouveaux arcanes, enfers et plaisirs singuliers.

 

Josiane Bataillard

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