Temporada de André Novais Olivieira

Au commencement, il y a les maisons roses, rouges et bleues, aux murs écaillés, et le soleil, que l’on suppose brûlant. Juliana est la dernière recrue de l’équipe des services sanitaires de Contagem, ville située dans le Sud-Est du Brésil. Elle a quitté précipitamment Itaúna, où elle vivait avec son mari Carlos, promue à ce poste auquel elle ne croyait plus. Au téléphone, avec une amie peut-être, Juliana expose son objectif principal – « faire les choses petit à petit ». Sa conception du temps est fragmentée, comme ces morceaux de paysages altérés par la présence de chantiers, omniprésents dans Temporada.

Il est difficile de savoir dans quel espace-temps se situe réellement Juliana. A mi-chemin entre son ancienne vie et une existence future, elle ne cesse de se réinventer en arpentant quotidiennement les rues de Contagem et en nouant des liens avec ces autres, familiers et étrangers.Très vite, une brèche s’ouvre, et l’on bascule dans le quotidien d’une situation professionnelle, jugée ironiquement temporaire par les personnages — le job est très mal payé, mais Hélio, le « dinosaure » de l’équipe est là depuis quinze ans. Juliana sourit, avant d’éclater franchement de rire en répétant ce mot étrange, « dinosaure ». Ce substantif est bien choisi, car les employés des services sanitaires de Contagem finissent par se fondre dans le décor de la ville, toujours à l’affût de ce danger représenté par le moustique Aedes aegypti, vecteur de la dengue.

Aucun élément n’échappe à leur regard : pots de fleurs ou piscine remplie d’eau stagnante, symptomatiques d’une nature glauque, verte et bleue, échappant à tout contrôle ou presque. Mais Juliana et les autres refusent de se laisser engloutir dans ces étendues d’eau vaseuses, alors ils se cherchent, le temps d’une fête d’anniversaire ou d’une partie de Playstation, rient souvent, trouvent parfois du temps pour s’aimer et ne craignent que l’incommunicabilité ou la disparition.

Inès Kieffer

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