Depuis 1999, Internet est en constante évolution. Son utilisation et sa forme se transforment en parallèle et chaque décennie est une occasion de découvrir une nouvelle manière d’aborder et d’intégrer cette Toile pour nous connecter au réseau. Car oui, le Web et Internet sont deux choses distinctes : alors qu’Internet est l’infrastructure, le Web est cette composante qui nous permet d’y pénétrer. Ils sont complémentaires et grandissent en même temps.
Dans une publication de Nova Spivack publiée dans Open/Write Book (« Bienvenue dans le flux : un nouvel âge pour le web », que je vais essayer de reprendre et résumer), cet entrepreneur et blogueur nous parle de cette prochaine phase du Web. Cette évolution, la 3ème selon lui, est une Toile qui se mue en Flux. Cette phase s’apparente à un torrent d’informations continu qui trace son chemin. Internet, jusqu’à aujourd’hui, était une agglomération de pages créées et publiées il y a des jours, des semaines, des mois voire des années. C’est une recherche dans le passé. Ce Flux se concentre sur le présent, il n’a pas de forme précise mais se dessine selon l’utilisation que l’on fait des données qui le compose. Ce n’est pas uniquement une nouvelle forme mais un nouvel écosystème qui se crée petit à petit avec l’avènement de ser
vices tels que le microblogging et les réseaux sociaux. Ces derniers invitent les utilisateurs à publier jusqu’à ce que leurs créations se perdent dans l’oublie d’u flux temporel, leur « Timeline ».
C’est une 3ème phase c’est bien ça ?
Qu’y a-t-il eu avant ? Dans ses premiers instants, le Web 1.0 était le concept même de la Toile avec la construction de son protocole HTTP et son langage HTML, permettant de se connecter pour le premier et de construire ds pages pour le second (notez qu’ils sont toujours présents). Ce Web structurel s’est transformé en Web 2.0 une décennie plus tard avec l’arrivée progressive mais massive de plateformes. Celles-ci sont aujourd’hui indissociables du World Wide Web, ce sont les réseaux sociaux : des places de partages, de communication et de microblogging. Le Web 2.0 c’est l’apogée de l’interactivité où l’utilisateur manipule et communique sans cesse. Une nouvelle métamorphose s’opère de nos jours. Une transformation de sa forme s’accélérant à cause de l’utilisation massive que nous faisons de ces technologies : le Web 3.0. Magnifique n’est-ce pas ? Une visibilité et une lisibilité accrues d’un Flux au contenu unilatéral ou bilatéral, où la conversation est constante et l’interactivité toujours omniprésente.
Qu’est-ce qu’un flux ? Peut-on vraiment le définir ?
En fait, il n’y a pas qu’un seul flux mais il y en a une multitude. Ils se superposent et se croisent. Des séquences d’informations sur des thèmes contenant des tweets, des articles, des contenus multimédias, des données, etc. Ces masses de données sont gérées à l’aide des APIs (des sortes de kits pour utiliser les outils) et accessibles via des URLs tout comme un site web normal. 3 notions majeures permettent de différencier un site internet « simple » d’un flux :
- Un flux change, il est en évolution permanente;
- Un flux est indépendant, il n’est pas accessible à l’aide d’une interface propre. L’utilisateur gère son interface qui lui permet d’accéder et de retirer les informations qu’il souhaite;
- Un flux est une conversation, les liens et les enchaînements se font avec des « conversations », des liens effectués entre les différentes entrées qui constituent le flux (un retweet par exemple).
Le Flux, avec un grand F, est la dynamique du web, ce mouvement perpétuel auquel nous nous connectons. Ce sont les conversations, des contenus multimédias, les pages de sites web, les tendances, etc. Toutes les œuvres des utilisateurs traversent l’immensité de la Toile.
Le présent est beaucoup plus fluide mais il est devenu également plus instantané. Il change à une vitesse vertigineuse tout comme ses contenus et les services qu’on y propose.
Quand on le définit ainsi, il est possible de voir alors la différence entre ce Web et celui des précédentes générations. Les pages web ne sont pas mises à jour aussi rapidement. Bien qu’elles puissent l’être, elles sont avant tout un instantané d’un moment sur le web. Par rapport au flux, elles sont statiques.
Des informations à apprivoiser …
Car oui, si le Flux est continu, c’est un flot d’informations qu’il va nous falloir gérer. Peut-on, humains, gérer une quantité astronomique d’informations ? Est-il possible que nous puissions tout absorber et avoir une vision simultanée de tous les champs du flux ? La réponse est simple : c’est impossible.
Le problème majeur que nous aurons alors à gérer ces prochaines années est l’accumulation de données et le traitement nécessaire qu’elles exigent afin d’être exploitables. Cela rejoint en fait l’idée qu’on se fait d’Internet aujourd’hui avec le très populaire Big Data. En plus des évolutions liées au Web, il faudra trouver de nouvelles solutions pour filtrer et dompter cet amas d’informations qui nous guette.
La synchronisation sera également un problème pour ceux qui souhaitent participer au flux. Aujourd’hui la majorité des utilisateurs sont passifs et suivent les informations sans y participer, là aucun souci car même avec du retard vous pourrez rattraper le fil. En revanche, pour quelqu’un qui souhaite intégrer, interagir et participer à la conversation/au flux, il faudra se synchroniser pour éviter de perdre une grande partie des informations et se retrouver loin derrière.
… Mais des défis et des opportunités à saisir !
Toute évolution peut amener son lot de soucis, mais n’y a-t-il pas aussi des possibilités d’imaginer des concepts et de participer activement à l’évolution d’Internet ?
De nouveaux outils commencent également à voir le jour et permettent aux utilisateurs de filtrer les flux par centres d’intérêts (Twine par exemple, dont l’auteur est l’un des fondateurs) et d’y découvrir les tendances actuelles. En revanche, une question se pose quant à savoir où porter notre attention de ce gigantesque Flux. Les applications, que nous utilisons ne permettent de voir que les contenus ayant une certaine popularité. Or s’agit-il vraiment d’un gage de qualité pour la publication ? La pertinence est ainsi mise à l’épreuve tout comme les choix des utilisateurs : ont-ils de la valeur ou non ?
Ce sont des projets à entreprendre afin de construire un outil ou un concept permettant à la fois de suivre le flux et de le filtrer selon nos intérêts du moment. D’autres domaines nécessiteront de la réflexion. La publicité par exemple : un annonceur qui capitalise sur les tendances immédiates et l’instantanéité de la publication peut avoir de meilleurs résultats. Mais cela nécessite encore une gestion précise et en temps réel du Flux.
L’émergence de cette forme de Web est un changement dans le paradigme et dans la manière dont nous abordons ce monde virtuel. Cette évolution permet de caractériser ce qui pourrait être la prochaine grande transformation pour la décennie à venir.
Bien que daté de 2010, cet article est intéressant en plusieurs points. Même si l’on parle plus de Web Sémantique par rapport à cette version 3.0 de la Toile (notamment au W3C, le Flux est très clairement une forme probable du futur web. De nombreux services tendent vers cette hypothèse : les réseaux sociaux mais aussi les « livestream » que l’on peut trouver sur différentes plateformes et notamment Youtube. Ce dernier nous montre concrètement ce qu’est un flux puisque la diffusion se fait et les utilisateurs s’y connectent pour le rejoindre. De plus, malgré les difficultés que l’on pourra rencontrer, l’auteur souligne tout de même les possibilités et les opportunités que nous pourrons saisir pour développer de nouveaux concepts et applications.
Le Web se transforme de plus en plus, c’est maintenant à ses utilisateurs et ses activistes de trouver une façon de gérer, de filtrer son contenu et de construire de nouvelles possibilités. Attention tout de même aux prétendus Web 4.0 et autres Web X.0, de nombreuses numérotations sont plus marketing que technologiques.
Pour conclure, une conférence TED avec comme orateur, Tim Berners Lee (initiateur du World Wide Web).
Pour continuer sur le sujet :
http://www.franceculture.fr/emission-place-de-la-toile-l’internet-des-objets-2013-02-09
http://www.ted.com/talks/tim_berners_lee_on_the_next_web
http://www.morganclaypool.com/doi/abs/10.2200/S00481ED1V01Y201302WBE005