En octobre 2008, le physicien et blogueur Chad Orzel s’est demandé si l’explosion des blogs a réellement contribué à produire plus de science. A partir de là, Antoine Blanchard a tenté de démontrer comment la contribution du blog à la recherche peut aller plus loin que cela. Pour cela, il s’appuie sur une analyse de l’activité de recherche, imagée par une rose des vents. Il en suit les branches afin de « démontrer la versatilité et l’intérêt du blog en milieu scientifique, en particulier dans les sciences dures et de la nature. ».
Tout d’abord, il analyse la production de connaissances certifiées. Elle passe principalement par les institutions de recherche et par la communauté des chercheurs. Cependant, des billets de blog peuvent parfois proposer les mêmes contenus que des articles académiques, et les moteurs de recherche ne sont pas capables de les traiter différemment. Le blog accélère la recherche, puisqu’on s’affranchit du délai nécessaire pour écrire, soumettre et publier un article académique. De plus, il est possible de faire des pré-publications d’articles, ce qui permet de les porter à la connaissance de la communauté scientifique, qui peut alors en discuter, les analyser, et commenter, afin d’accélérer la publication d’un article officiel. Ainsi, les blogs permettent de partager des idées, des théories, tout en laissant la communauté commenter pour enrichir un propos, une réflexion. Cela peut amener les auteurs à s’ouvrir et à gagner en précision.
L’auteur passe ensuite à la description de l’outil de micro-blogging Friendfeed, en mettant en valeur son aspect d’outil de lifestreaming, c’est-à-dire qu’il permet de regrouper ce qui constitue notre « moi numérique » : signet, photos, blogs, commentaires, etc. L’outil est notamment composé d’une communauté biologistes, et permet à ses membres de communiquer, de partager, de s’entraider, voire même de créer des partenariats. Il en arrive à une conclusion simple : « Le blog permet de faire comme à chaque congrès scientifique, mais à une échelle planétaire et en continu : réseauter. »
L’auteur se pose ensuite la question de l’utilité du blog dans la formation, élément essentiel de la recherche. Il déduit de ses réflexions que les blogs permettent aux étudiants intégrant un programme d’être plus au fait de ses objectifs, enjeux, avancées (…) qu’ils auront pu suivre sur la toile : cela permet un gain de temps considérable lors de l’arrivée d’une personne dans un milieu, qui est, certes, nouveau, mais qu’elle a pu appréhender en amont grâce à des publications moins officielles.
Il traite ensuite le volet de l’innovation (entrepreneuriat, le transfert de technologies, la R&D, la compétition sur un marché). Les blogs permettent à certains d’avoir une visibilité notoire sur internet, grâce aux réseaux sociaux. Grâce à cela, certains peuvent être perçus comme experts dans un domaine particulier, bien qu’ils ne publient pas officiellement, c’est un avantage indéniable.
Quant à l’aspect des objectifs concernant les pouvoirs publics, l’auteur démontre que les blogs peuvent former des espaces neutres, qui deviennent véritables outils de circulation de parole (par exemple dans le domaine médical, entre médecins, chercheurs et patients).
Enfin, pour ce qui est de l’expertise et de la diffusion dans l’espace public, les blogs étant accessibles à tous, ils sont suivis par des personnes qui s’intéressent réellement au sujet, qui viennent de milieux différents et qui appartiennent à des catégories très variées. De cette vérité découle la question de la promotion des blogs scientifiques. En effet, une fois connus, les blogs amènent à leurs auteurs de nombreux avantages, une reconnaissance certaine, une participation indéniable. Cependant, pour arriver à un tel résultat, il faut réussir à attirer l’attention, à sortir du lot. Pour cela, il existe quelques plateformes, cependant elles ont des critères assez stricts et ne sont pas ouvertes à tous. Ainsi, nous sommes en attente d’outils tels que Postgenomic, ou Research Blogging, existant à l’étranger mais n’ayant pas encore d’équivalents français !