Le numérique au service de la lecture ?

À l’heure où le numérique prend de plus en plus de place dans nos vies, il est intéressant de se demander si ce numérique entre au service d’une action quotidienne : la lecture. Dans cet article nous nous intéresserons plus particulièrement à la lecture dite « loisirs ».

Lecture papier ou lecture numérique ?

En quelques années, le numérique s’est installé encore plus dans notre quotidien en arrivant notamment au service de la lecture. Comment ? L’essor des liseuses y est pour quelque chose.

Les liseuses sont des appareils numériques portables permettant la lecture de livres virtuels. Elles souhaitent respecter la lecture papier, en proposant un écran tactile monochrome, dont les couleurs se veulent de plus en plus proche du papier. Le principe reste proche des livres, avec l’ergonomie et la mise en page des différents ouvrages, l’effet de pouvoir tourner une page comme si on tenait en main un véritable ouvrage.

Elles permettent surtout de vendre des livres à moindre coût, en supprimant bien logiquement l’impression, les coûts de l’encre et du papier. Mais sont aussi un moyen de stocker plus de 1000 livres en un même endroit, sans peser plus. Elles sont de véritables bibliothèques numériques.

Contrairement aux tablettes tactiles, avec lesquelles il est aussi possible de télécharger des applications de livres, les liseuses sont plus économiques et la batterie se fatigue moins rapidement, servent pratiquement exclusivement à la lecture, mais plus particulièrement la lecture de livres traditionnels. En effet, les liseuses ne sont pas adaptées aux bandes dessinées, comics et autres magazines. On privilégiera alors les tablettes et autres ordinateurs convertibles, dont les écrans sont plus grands et donc plus lisibles.

Une liseuse, ebook, de la marque kobo

Les liseuses ou « lecteurs d’ebooks » commencent à dominer l’univers de la lecture numérique, et d’après une enquête du Baromètre SOFIA/SNE/SGDL (Société Française des Intérêts des Auteurs et des écrits / Syndicat National de l’Édition / Société des Gens De Lettres) réalisée en février 2017, sur les personnes questionnées, ce sont 82% d’entre elles qui lisent via ce dispositif, contre 18% via des tablettes. En effet, on le comprend du fait que les tablettes ne sont pas prédestinées pour ce type d’usage : elles sont plus lourdes et sont adaptées pour recevoir de nombreuses applications diverses.

Des marques se distinguent et tentent de proposer des liseuses toujours plus efficaces, permettant même désormais d’être étanche. Pourquoi ? Les lecteurs aiment pouvoir amener leurs livres partout, et les grandes marques de ce phénomène leur permettent alors de lire à la plage, par exemple,… Elles ont aussi voulu supprimer les problèmes de lumières bleues que l’on retrouvent avec les écrans d’ordinateurs, fatiguant moins les yeux des utilisateurs. On retrouve parmi elles, les liseuses Kindle, les liseuses Kobo, qui développent différentes gammes de leurs produits, toujours plus performantes.

Les différentes marques doivent se démarquer pour vendre plus, mais elles font toute partie d’un système qui sert à la vente massive d’ebooks. Toujours d’après le Baromètre SOFIA/SNE/SGDL, les lecteurs de livres numériques plébiscitent les formats standards : le PDF à 43 % et l’Epub (electronic publication) à 28%. Pour ce qui est des achats de ces livres, deux tiers des lecteurs de livres numériques récupèrent les fichiers de livres numériques directement depuis leur terminal de lecture. Et nombres d’entre eux privilégient les téléchargements gratuits, proposés sur le terminal : 73 % des lecteurs de livres numériques ont acquis une partie de leurs livres gratuitement. Bien sûr, c’est sans parler d’un problème que l’on retrouve pour tout produit numérique : le piratage, qui lui aussi touche les Epub. Sur la même enquête, 14 % des participants ont déjà eu recours à une forme illégale de livres numériques, 52 % d’entre eux disent ne pas y recourir par respect des droits d’autres. Qu’en est-il des 34 % restants ?

Mais même si on parle d’un essor flagrant des liseuses, on s’aperçoit qu’en France, les lecteurs sont toujours aussi attachés aux livres papiers. En effet, un français sur cinq dit avoir déjà lu un livre numérique. Mais 30% des acheteurs de livres numériques ont déjà acquis au moins une fois la version imprimée. On comprend alors l’attachement à l’imprimé. Et les lecteurs disent eux-même parfois être déçus de ne pas pouvoir partager un livre numérique comme on partage un livre papier. En effet, le lecteur va prêter un livre facilement, contrairement à une liseuse, qui est quand même un certain investissement.

L’essor des clubs de lecture en ligne ?

Si les clubs de lecture sont courants et appréciés des lecteurs, on peut désormais voir que ceux-ci, au fil des ans ont évolué. Et bien qu’ils soient encore en « présentiels » (avec des regroupements de personnes pour parler d’un livre précis), ces clubs se « dématérialisent » et sont de plus en plus nombreux sur les réseaux sociaux. Il est courant de trouver des groupes de discussion sur Facebook, par exemple : « le club des mordus de lecture » qui comptent pas moins de 27 400 membres, nombre qui augmente chaque jour. La présentation du groupe :

« Un groupe de lecture pour tous les mordus, les passionnés… à vos livres…BOOKEZ!! ».

Les discussions tournent autour de nouvelles lectures que chacun poste sur le groupe. Beaucoup d’utilisateurs viennent sur ces groupes pour demander des conseils de lecture. Par exemple : « Quel titre de Karine Giebel me conseillez-vous!! Merci d’avance ». Nombre d’entre eux demandent des conseils pour des lectures pour d’autres personnes, comme leurs enfants, souvent réticents à la lecture.

Mais ces groupes sont véritables des lieux de partage, où chacun présente son nouvel achat, sa bonne affaire du jour, son auteur préféré, ou la petite citation qui l’a marqué pour la journée.

Une autre communauté est appréciée des lecteurs : le célèbre #vendredilecture !

Présent sur les réseaux sociaux Twitter, Facebook, Instagram et Google+, Vendredi Lecture est un « rendez-vous » hebdomadaire où les lecteurs donnent le titre du livre qu’ils sont en train de lire le vendredi. Pour motivés les lecteurs de cette communauté et rester encore plus en contact avec eux, Vendredi Lecture propose également de répondre à « la petite question du lundi » et demande un « mardi conseil ». Par exemple, la question du lundi 12 mars 2018 :

Capture d'écran du tweet de @VendrediLecture
Capture d’écran du tweet de @VendrediLecture

 

Chose étonnante, chaque vendredi, le #VendrediLecture est en TT (Trending Topic) sur Twitter, pour la France.

Devenu un acteur influent de la lecture, VendrediLecture participe aussi aux salons du livre. Ainsi, il est possible de rencontrer ces personnes avec qui les lecteurs échangent presque chaque jour.

Mais, le numérique va encore plus loin avec la création d’applications dédiées à la lecture. L’une d’entre elles est plutôt bien connue du grand public : Goodreads.

Goodreads a su s’imposer très rapidement dans le monde de la lecture. Son but premier, avoir la possibilité de trouver une prochaine lecture en fonction du livre que nous sommes en train de lire. Et c’est grâce au site et par la suite l’application qu’il a été possible de voir son essor, notamment avec la possibilité d’ajouter des livres « read », lus , « want to read », que l’on souhaite lire et « currently reading », ceux que nous sommes en train de lire. On peut créer des bibliothèques virtuelles pour classer nos livres. Goodreads permet de créer une véritable communauté via un fil d’actualité de ce que les personnes sont en train de lire et la notation des lectures, des livres.

Autre particularité : le scanner qui offre la possibilité aux utilisateurs de trouver leurs livres via leur code barre et ISBN.

Goodreads a ensuite mis en place des challenges de lecture. Le but, choisir le nombre de livres que l’on souhaite lire durant une année et que l’on peut comparer avec nos amis.

Seul point noir de Goodreads, il existe entièrement qu’en anglais. C’est pourquoi une nouvelle application française voit le jour : Gleeph

« L’écrit nous lie » Gleeph est donc le « Goodreads » français. Et il a quelques particularités que son concurrent américain ne possède pas !

Tout comme Goodreads, Gleeph propose un fil d’actualité littéraire, en se connectant avec nos amis, propose également le scanner pour déposer le livre scanné dans une « Wishlist » (le « Want to read » de Goodreads), mais s’ajoute à cela la possibilité d’achat chez des libraires en lignes ou la vérification de disponibilité du livre et sa réservation, dans de nombreuses librairies.

Un avis d'internaute sur l'application mobile Gleeph

Les lecteurs valident l’application et souhaitent voir une version Full Web, comme avec Goodreads !

Et si nous nous laissions tenter ? Les deux applications sont gratuites et disponibles sur IOS et Android.

Quelques phénomènes de lecture : 

Si nous pouvons remarquer que notre lecture a évoluée avec le temps, on le comprend avec le fait de la multiplicité des dispositifs et écrans qui nous entourent et font notre quotidien. Le fait de lire en diagonale, de consulter sans cesse les réseaux sociaux en scrollant, a impacté nos modes de lecture.

C’est pourquoi, un projet « Spritz » a vu le jour, et a développé une application faisant ressortir le « Point de Reconnaissance Optimale » de chaque mot, l’ORP. L’ORP est situé légèrement à gauche du centre de chaque mot. C’est le point précis où notre cerveau déchiffre chaque ensemble de lettres. Ainsi, nous lisons sans bouger les yeux, sans bouger la tête, en gardant un regard fixe sur une seule lettre de chaque mot. On dit de la vitesse de lecture qu’elle est de 250 mots par minute, Spritz permet de l’accélérer à 1000 mots. Expérience en images :

 

Pour conclure, si vous aussi êtes attachés à votre bibliothèque matérielle, à l’odeur des livres et aimez tourner les pages tel que cela est prévu, vous aurez compris que le numérique joue beaucoup aujourd’hui dans notre quotidien de lecteur.

 

Anaïs CLEUVENOT, 17 mars 2018

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