« Why Blog? » est l’un des textes issu du Read/Write Book.
A travers son récit, André Gunther, chercheur et enseignant, relate son expérience en tant que bloggeur. L’auteur, reconnu au sein de la blogosphère scientifique francophone, publie des billets sur le blog « Actualités de la recherche en histoire visuelle » (ARVH) jusqu’en 2009, puis lance « L’atelier des icones » et « Image Sociale » peu de temps après. Utilisateur expérimenté, il nous livre ses impressions et démontre l’intérêt d’un blog pour un enseignant-chercheur.
L’auteur est au départ réticent quant à l’idée de créer un blog. Il éprouve une difficulté certaine pour passer du « nous » au « je ». Pour lui, parler à la première personne s’apparente à de l’arrogance, ni plus ni moins. Néanmoins, il démontre très vite les bienfaits que le bloggeur-chercheur peut tirer de ses publications et laisse clairement transparaitre le poids et l’impact de cette culture 2.0.
Pour l’expérimentation permanente et les nombreuses qualités de l’outil
Editeur de revues scientifiques, il établit très vite le parallèle avec ce modèle économique. Le blog bouleverse la relation éditoriale et l’exclusivité sur laquelle se fondaient les publications de revues. Pour la première fois, le chercheur peut faire état de ses recherches, en accès libre. Contrairement à la publication dans les revues, il publie quand bon lui semble (pas de deadline à respecter) et choisit les thématiques qu’il souhaite aborder. On revient ainsi à « l’unité fondamentale de la recherche : le chercheur ». Il ne dépend pas de l’agenda d’un éditeur ou de ses préférences. Le blogging est « une activité supplémentaire greffée sur l’existant », les contraintes externes sont inexistantes. L’éditeur, c’est le bloggeur.
Mais le spectre du blog est bien plus large, il donne volontiers droit à « l’inachèvement, à l’essai ou à l’erreur », à la différence des publications de revues qui révèlent l’achèvement, le résultat et l’excellence des travaux de recherche. L’auteur esquisse quelques lignes en bénéficiant des conditions propres à l’expérimentation permanente. Il peut aborder des thématiques différentes et laisser libre court à son imagination, expérimenter d’autres styles et faire évoluer ses propos au gré des discussions, tout en pouvant revenir sur ses écrits à n’importe quel moment.
Le blog, c’est aussi une base de données qui s’inscrit dans le temps et l’espace. Les billets sont archivés, classés et restent disponibles lorsque l’on soumet une requête à un moteur de recherche. Les contenus sont perceptibles et porteur de sens, contrairement à quelques notes griffonnées sur un carnet qui deviennent rapidement ininterprétables même pour son auteur.
A la différence des revues ou des annales qui se lisent très peu, ou part un public spécifique voire élitiste, le blog est avant tout une « nouvelle énonciation scientifique, à la croisée de la vulgarisation, de l’enseignement et de la recherche ». Il s’adapte parfaitement au travail des chercheurs et des étudiants. Véritable outil de viralité, le blog engage et encourage à la création. André Gunthert a facilement transmis son goût pour la création de blog, à ses étudiants et à d’autres chercheurs qui ont reproduit le même modèle.
Pour les étudiants et les lecteurs
Son activité de bloggeur lui confère une visibilité plus importante et permanente qui rend apparent son travail de recherche, habituellement plus discret. Elle modifie son rapport avec son public principal (ses étudiants) et lui permet de toucher d’autres lecteurs. Ses étudiants remarquent ses publications, échangent, ont le temps de s’interroger, de préparer d’autres questions, afin de nourrir d’autres réflexions et de guider la poursuite du travail collectif. Il accompagne ainsi les étudiants au rythme de ses publications : prise de notes, phases d’interrogations et de tests. L’exercice leur apprend beaucoup et, à travers le partage des connaissances, permet à l’auteur de combler son appétit de pédagogue.
Cette activité lui permet aussi de dialoguer avec d’autres publics, d’autres chercheurs et d’observer d’autres disciplines. Ce lectorat ponctuel ou plus régulier lui permet d’échanger davantage pour au final étoffer ses recherches.
Parce que c’est une science aimable
Pour conclure, le blog comme outil de recherche est ouvert à tous et souple d’utilisation, il modifie les usages des individus et la sociologie des sciences. Avec le recul, l’auteur indique avoir pu optimiser son travail de recherche, prendre part au Web 2.0, faire évoluer ses méthodes, ses approches, son énonciation, son rapport avec ses étudiants et les autres lecteurs, favoriser les échanges et les rencontres, avoir pu s’ouvrir sur d’autres champs de recherches, jusqu’à percevoir qu’au final, c’est la science initiale et les méthodes qu’il connaissait qui étaient arrogantes, et non pas le fait de parler à la première personne sur un blog.
Mon avis
Il est délicat de se détacher totalement du côté narcissique qui se dégage des blogs et de leurs publications. Néanmoins, les contenus proposés par les enseignants-chercheurs sont savamment rédigés. Il est plus qu’intéressant d’avoir accès à leurs recherches, à leurs questionnements et à leurs avancées ou non. Au final, le blog légitimise leur travail.
Il démultiplie les possibilités et l’effet bénéfique profite à chaque éditeur de contenu, à ses lecteurs habituels ainsi qu’au lectorat ponctuel.
Appartenir à la blogosphère, c’est avoir le pouvoir de s’exprimer, de donner son avis, d’échanger et de s’enrichir au contact des autres. Un cercle vertueux qui laisse libre court à l’imagination tout en suscitant en permanence la curiosité des uns et des autres. En somme, le blog contribue activement à l’épanouissement du bloggeur et à celui de sa communauté…
Amis étudiants, à vos claviers !
Sources :
Read/Write Book – Why Blog? http://books.openedition.org/oep/174
A consulter :
ARHV (premier blog) http://www.arhv.lhivic.org/
L’atelier des icônes (second blog) http://culturevisuelle.org/icones/
Image sociale (troisième carnet de recherches) http://imagesociale.fr/