Depuis quelques années, l’homme augmenté, figure emblématique de l’innovation et de l’expérimentation futuriste, ne cesse de faire évoluer la technologie RFID. Partout dans le monde, les puces RFID sous-cutanées ont déjà séduit des milliers d’utilisateurs. Leur promesse : vous faciliter le quotidien. Mais à quel prix ? On vous aide à faire le point.
Puce RFID, un grain de riz de technologie
La puce RFID (Radio Frequency Identification – radio-identification en français) est une puce composée de la technologie d’identification automatique, apparue dans les années 1950. Grace à elles, plus besoin de badge pour ouvrir la porte de votre bureau, plus besoin de clef pour utiliser la photocopieuse, plus besoin de tickets pour justifier du paiement de votre voyage en train et plus fou encore, plus besoin de votre smartphone ou de votre ordinateur pour transférer votre carte de visite électronique ; elles le font en quelques secondes ! En effet, ces puces permettent d’identifier à distance, des objets ou des personnes grâce à un processus d’échange de données et remplaceront bientôt une panoplie d’outils plus traditionnelle.
Une étiquette produit version humain.
La technologie RFID est un processus technologique où s’établit un dialogue entre un émetteur et un récepteur permettant ainsi un échange de données. Pour être plus claire, les puces utilisent des marqueurs appelés des « tags », des « smart-tags » ou encore des transpondeurs. Ces « étiquettes » comprennent des informations sous forme de données analogiques. Sous contact d’une application composée d’un lecteur RFID, les puces transmettent les informations analogiques via une liaison radioélectrique et les transforment en données numériques. Ces dernières sont ensuite relayées vers un appareil technologique type ordinateur ou smartphone qui en assure la lisibilité. C’est cette même technologie qui aujourd’hui est utilisée pour les paiements par smartphone ou par carte bleu sans contact.
Vers la banalisation de l’implant technologique ?
À l’origine, la technologie RFID était investie par le secteur militaire. C’est seulement dans les années 2000 que la technologie RFID s’impose dans le secteur civil. Elle est alors utilisée pour l’identification et la traçabilité d’objets (comme pour le pass navigo et les autres cartes sans contact) ou d’animaux (pour lesquels l’identification par tatouage ou par puce électronique est obligatoire depuis 1999). Mais depuis quelques années, elles ont envahi le corps humain. De plus en plus d’humains se font implanter ces puces (pas plus grande qu’un grain de riz) sous la peau.
Au jour d’aujourd’hui, on ne connait pas encore le nombre de technopionnier dans le monde, mais à l’instar de l’entreprise suédoise Epicenter ou de l’entreprise belge Newfusion, de nombreuses sociétés ont équipé leurs employés de ce dispositif. Depuis 2004, une boîte de nuit barcelonaise équipe même ses clients « VIP » d’un implant RFID pour payer leurs consommations. Aujourd’hui, des « implant party » et des salons technologiques permettent aux visiteurs de se faire implanter des puces NFC en moins de 5 minutes pour moins de 100 euros.
Technologie RFID : quel(s) utilité(s) pour autant de danger ?
Plus qu’un simple bijou de technologie, ces puces sous cutanées auraient pour objectif de nous « faciliter le quotidien ». Elles remplaceraient nos clés de voitures, nos badges de bureaux, nos papiers officiels tels que le passeport, le permis de conduire ainsi que toutes ces cartes de fidélité. Elles permettraient également de régler ses courses sans porte-monnaie ni cartes bancaires et de commander tous ses objets connectés aux alentours. Elles pourraient même bientôt permettre l’identification civile et médicale des humains lors d’un accident ou d’un simple contrôle.
Mais dans une société déjà sous l’emprise des Big Data, n’est-il pas dangereux d’agréger tant d’informations personnelles dans un si petit objet ? À vouloir sans cesse évoluer, l’homme augmenté ne compromet-il pas sa vie privée ?
En effet, la technologie RFID convient particulièrement bien pour des applications de traçabilité et permettent de livrer, avec un bon lecteur, de nombreuses données type données d’origine, de localisation, de parcours produit etc. Cette technologie est par ailleurs déjà utilisée dans certains processus de fabrication de produit pour en suivre les étapes de production, de stockage, de transport, d’utilisation ou de livraison.
Bien que les chercheurs planchent encore sur un projet de puces chiffrées, les risques d’hacking sont encore bien réels et de nombreuses failles de sécurité et de protection de la vie privée n’ont pas encore été résolues.
« De nombreux écueils en termes de sécurité et de protection de la vie privée n’ont pas encore été résolus. Cette technologie est très lente en termes d’adaptation. Il est très facile par exemple de dupliquer des cartes à puce RFID – le matériel est en vente libre pour 400 euros. Il y a eu une étude pour voir l’évolution de cette technologie : le constat était effrayant, depuis 2007, les choses n’ont pas changé. »
Cédric Lauradoux, chercheur à l’INRIA et membre de l’équipe de recherche Privatics
Alors certes, ces puces ne peuvent (pour l’instant) contenir un unique volume de données de ko, ce qui représente peu de données. Cependant, ces dernières sont directement liées à notre identité (nom, prénom, date de naissance, adresse) permettant un accès à notre existence (travail, loisirs, maisons, etc.) pouvant avoir des conséquences importantes en cas de hacking ou de vol.