Le data journalisme (database journalism), ou journalisme de données en français, un concept qui a vu le jour dans le monde anglo-saxon, plus précisément dans le Manchester Guardian avec l’apparition d’une première représentation statistique, avec un tableau de données sur les écoles de Manchester et de Salford deux ville situé en Angleterre.
Le Data Journalisme est né grâce à l’ouverture des données publiques : l’Open Data. Petit rappel : en mars 2009, le gouvernement américain libère ses données et lance data.gov, le portail Open Data des Etats-Unis où sont disponibles des jeux de données gouvernementales. En janvier 2011 l’initiative est suivie par les britanniques avec data.gov.uk puis en mars 2011 par la France avec data.gouv.fr. Cette libération de données publiques a permis aux journalistes de travailler sur des faits et statistiques, en qui les lecteurs ont confiance, et sur des représentations visuelles grâce auxquelles les informations sont claires et compréhensibles.
Vers les années 1950 se développe le Computer-assisted reporting, qui est l’utilisation d’ordinateurs pour rassembler et analyser les données nécessaires pour écrire de nouvelles histoires, avec le développement de l’informatique, à partir des années 2000, on voit apparaître la démocratisation de l’accès aux bases de données ce qui engendre le développement du Data Journalisme.
Même si ce dernier existe depuis plusieurs années, son étude est récente. La première conférence sur le Data Journalisme a eu lieu en Août 2010 à Amsterdam à l’European Journalism Centre qui a rassemblée plus d’une soixantaine de journalistes du monde entier, ce qui mène à la publication du premier manuel du journalisme de données En 2012.
Le journalisme de données consiste à exploiter des bases de données, pour en extraire de l’information intelligible et pertinente, présentée de façon attractive. Il vise à donner du sens à d’obscures séries statistiques, à faire émerger des histoires dans de longues séries de données éparses.
En cela, il s’inscrit pleinement dans la tradition journalistique consistant à aller chercher de l’information brute pour la présenter de manière adéquate au public. Seulement, il envisage différemment le rôle médiateur du journaliste. Le journalisme de données s’adresse d’abord à l’intelligence visuelle du public, et non à son intelligence verbale. Pour cela, il peut prendre la forme de bases de données enrichies, d’infographies interactives et de timelines.
Avec le journalisme de données, on n’est pas seulement dans le registre visuel, il y a aussi la dimension de manipulation et d’interaction : on retient mieux quelque chose quand on peut manipuler les indicateurs. Cela renforce le mode d’engagement que le lecteur peut avoir avec l’information. On n’a pas la même attention quand on doit personnaliser ses parcours, manipuler des données que quand on lit un article. C’est important dans la question de la relation avec le publique, mais aussi dans le modèle économique.
Car la question du journalisme de données est bien avant tout économique. Il permet de créer un contenu à forte valeur ajoutée, qui rend crédible d’autres modèles économiques, il permet de mieux exploiter le côté immersif du modèle publicitaire, il favorise le modèle de paiement direct (comme le propose aujourd’hui Blomberg avec ses tableaux d’analyses financières en temps réel…). Alors qu’il demeure difficile de valoriser des contenus facilement duplicables comme des articles, il est peut-être plus facile de monétiser des contenus plus différenciant comme les visualisations. Quelles compétences et quels outils donc pour le data journalisme ?
Les compétences du data journaliste couvrent à la fois la programmation, le design et le journalisme, sans oublier un minimum de connaissance en matière de statistiques. Le data journaliste doit maîtriser au moins l’un de ces domaines. Ceci explique qu’il s’agisse très souvent d’un travail d’équipe, même si un travail individuel est possible pour un professionnel polyvalent