Le numérique suscite de nombreuses transformations dans notre rapport à la lecture et plus particulièrement au livre. Néanmoins, selon Hubert Guillaud, la version papier ne tend pas pour autant à disparaître. Le modèle du livre papier s’adapte plutôt afin de compléter les nouveaux services proposés par le modèle électronique. Ces changements donnent alors naissance à de nouvelles interactions, tant entre les Hommes qu’entre les objets.
Du papier au numérique
Hubert Guillaud débute le chapitre « Qu’est-ce qu’un livre à l’heure du numérique » en partant de l’affirmation qu’un livre se définit par son support. Un livre dispose d’un contenu fixe dans un format choisi et est commercialisé suivant un mode stable puis diffusé via un circuit balisé. De plus, il est facile d’accéder et d’utiliser un livre. Néanmoins, le format électronique détruit totalement ce modèle du livre qui perd alors son support. Là se pose la difficile question de définir un livre électronique. Ce nouveau modèle produit des bouleversements puisque les conditions de lecture et les manières de lire diffèrent d’un livre papier à un document électronique. Les usages et les modalités économiques en sont alors impactés. De plus en plus, l’objectif est de personnaliser les lectures. Pour atteindre ce but, il en va de multiplier et de varier les supports. Ainsi, le modèle du livre papier n’est pas écarté, il requiert simplement une adaptation.
Le livre électronique
À la suite de recherches, le livre électronique fut créé avec de nouveaux apports. Il dispose de différentes couches de contenus et le texte est sémantisé. La « recherche plein texte » permet alors d’apporter du sens et de l’analyse à une lecture sur un support électronique. La valeur ajoutée de ce modèle se justifierait donc par le complément d’informations qu’il apporte au lecteur. Selon Huber Guillaud, l’intelligence des données ressortant du modèle électronique modifierait ainsi nos pratiques. Néanmoins, l’électronique présente encore quelques défauts comme la question de l’accès. Les livres sont difficilement accessibles sous leur forme numérique sur le web. Ce point à améliorer représentera alors un grand challenge dans les prochaines années. Enfin, le développement du marché de l’accès au contenu sera vu comme une véritable révolution.
Les modifications du modèle économique du livre
L’accès aux documents électroniques tend à faire évoluer l’économie du livre. Une nouvelle notion apparait alors : l’économie de l’attention. D’après ce fondement, le nombre de publications aurait tendance à augmenter, à l’inverse du nombre de lecteurs, qui se raréfieraient. Ces modifications favoriseraient alors l’open access et le développement du libre et du gratuit pour retenir l’attention des lecteurs. Ainsi, la gamme des modes d’accès devrait s’élargir. Par ailleurs, la vente unitaire ne devrait pas s’appliquer aux documents numériques. La gratuité primera afin de maximiser visibilité et accessibilité sur le web. Les produits seront également exploités sous diverses formes, enfin des services annexes seront proposés lors de la vente.
De nouveaux services proposés aux internautes donnent lieu à de nouvelles interactions
La littérature reste jusqu’à présent inchangée avec l’arrivée du numérique. En revanche, les textes courts se décuplent sur la toile. Si tout contenu ne peut être considéré comme un livre, la frontière entre un simple texte et un livre devient poreuse. De nouvelles interrogations se posent alors avec la multiplication des tweets et des articles de blogs. Par ailleurs, il est désormais possible de créer, soi-même un livre personnalisé. Le livre de photos en est un exemple concret. Grâce au web, quiconque dispose des moyens industriels et des services associés nécessaires à la création d’un livre. Les intérêts des internautes sont mis à jour automatiquement et le contenu d’un livre personnalisé s’adapte donc rapidement à chacun.
Ces nouveaux services proposés aux internautes vont de pair avec de nouvelles interactions. Le livre fera, à l’avenir, partie intégrante de l’internet des objets. Il pourra alors communiquer avec tout ce qui nous entoure pour faire le lien entre mondes réels et virtuels. Mais les interactions seront également développées entre le livre et les lecteurs. En effet, il ne faut pas oublier que le livre s’ouvre à un espace social. Allié au web, le livre permet le partage. Il devient un objet transitionnel. De cette manière, lire un livre n’est plus une expérience solitaire. Au contraire, il donne lieu à des commentaires, des avis et des discussions entre lecteurs ou avec les auteurs. C’est l’exemple même du livre en réseau. Néanmoins, les livres interagissent également entre eux, notamment par les notes de bas de pages. Ils intègrent un véritable « réseau de livres », donnant, lui aussi, lieu à de nouveaux services. Désormais, grâce à certains algorithmes, il est possible d’analyser, de manière inédite, le contenu des livres électroniques. Cette analyse documentaire offre, par exemple, la possibilité de créer un outil de recommandation de lectures. Enfin, si le web nous permet déjà de retrouver facilement, ce sur quoi nous portons de l’attention, le web implicite va également se développer avec les livres. Chacun pourra, de cette manière, bénéficier de la mémorisation de ces lectures.
Conclusion
Pour conclure, les nouvelles fonctionnalités du numérique laissent libre champs à diverses théories. Néanmoins, il serait important d’allier ces connaissances afin d’obtenir un résultat satisfaisant. Il est alors possible de définir un objectif assez clair : celui de conserver un web documentaire et un accès à la culture de façon moderne.