Peut-on cloisonner son identité numérique ?

Si l’anonymat a longtemps prévalu sur Internet, comme l’a illustré le célèbre On the Internet, nobody knows you’re a dog (légende d’un dessin de Peter Steiner publié dans le New Yorker en 1993), n’est-il pas en train d’être définitivement en voie d’extinction ?

En effet, l’utilisation croissante des réseaux sociaux et la multiplication des contenus générés par l’utilisateur font que nous nous exposons et nous exprimons de plus en plus sur le web. Ainsi notre identité numérique se forge à partir des traces que nous laissons sur Internet, volontairement ou non, mais aussi à partir de ce que les autres disent et publient sur nous, ce qui rend l’identité et la réputation numériques difficilement contrôlables.

D’où mon interrogation : Pouvons-nous gérer notre identité numérique telle que nous pouvions gérer notre identité dans ”le monde réel” ?

En effet, avant la démocratisation d’Internet et son introduction dans un nombre croissant de domaines d’activités, il était, plus ou moins facile, de gérer nos différentes ”vies” qui étaient plus ou moins compartimentées. Bien sûr lorsque j’évoque « gérer nos différentes ”vies” », je n’entends pas quelconque cas de ”troubles dissociatifs de l’identité” mais plutôt la gestion des différentes facettes de notre personnalité. Pour illustrer ce propos, le cas le plus probant est celui particulièrement visible dès notre adolescence car il y avait la personnalité que nous avions avec nos parents, et celle que nous avions à l’extérieur, qui pouvait également varier selon les personnes que nous côtoyions. Souvent ces personnalités étaient très proches, mais parfois elles étaient divergentes ce qui pouvaient nous conduire à des situations cocasses, notamment lorsque nos parents apprenaient certains de nos comportements à l’extérieur (tabac, alcool, etc.).

Mais ce phénomène peut se poursuit par la suite. En effet, nombreux sont ceux qui ne se comportent pas de la même manière en fonction du “public” présent et de l’activité à laquelle ils participent. Selon le moment et les circonstances, nos actions s’adaptent à un système de codes qui associé à certains standards donnent un résultat original (Vocabulaire oral différent entre collègues ou entre amis, Tenue vestimentaire différente en soirée ou au travail, Sujets de conversation distincts selon l’interlocuteur, etc.).

Or l’usage d’internet et des réseaux sociaux ont bouleversé un ordre qui était jusqu’alors bien établi. En effet, nous nous en servons à présent pour l’ensemble de nos activités, telles que partager nos photos de vacances avec notre famille, de rester connecté à son bureau pour répondre à d’éventuels besoins urgents, de partager ses connaissances ou ses idées dans des domaines parfois “sensibles” comme la politique, de se détendre grâce à différents services de jeux en ligne ou à des systèmes communautaires comme par exemple Facebook, etc.

Ainsi la séparation, qui jusque là était rigide et parfois très nette, entre nos différentes activités me paraît donc largement fragilisée, pour ne pas dire

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