LES INTELLIGENCES ARTIFICIELLES : entre révolution technologique et questionnement éthique

Fin 2017, une petite révolution technologique, éthique et politique a eu lieu. L’Arabie Saoudite a accordé la citoyenneté à un robot réaliste de Hanson Robotics. Sophia est une intelligence artificielle (IA) et elle représente une véritable prouesse scientifique : « Je suis très honorée de recevoir cette distinction unique », a-t-elle déclaré sur scène, à l’occasion du sommet Future Investment Initiative, qui se tenait à Riyad. Innovation extraordinaire mais aussi bluff politique. Ce robot féminin, qui obtient la citoyenneté, apparaît tête nue dans un pays où les femmes doivent porter le voile.

Depuis l’apparition des premières IA, qu’elles soient virtuelles ou réelles, il y a eu beaucoup de ratés mais aussi beaucoup d’exploits. Néanmoins, c’est la première fois qu’une IA obtient la citoyenneté d’un pays. Qui plus est, Sophia ne semble pas avoir sa langue dans sa poche. Elle a notamment dit qu’elle serait à même de faire un meilleur travail que le 45ème président des Etats-Unis, Donald Trump.

Enjeux politiques ? Révolution technologique ? Questionnement éthique ? Jusqu’où les Intelligences Artificielles iront-elles ?

 

Sophia – IA crée par Hanson Robotics

 

Les Intelligences Artificielles : quand un mythe devient réalité !

Le terme d’intelligence artificielle apparaît en 1956 avec John McCarthy. Il s’agit alors d’une innovation ayant pour objectif de simuler le système de pensée humaine et de le reproduire le plus fidèlement possible.

Le sujet d’un être robotique doté d’une intelligence artificielle et qui développe peu à peu une conscience afin de ressembler aux humains est une thématique vue et revue dans de nombreux films de science-fiction. Et pourtant, avec les avancées technologiques et scientifiques, nous sommes en passe de voir un mythe se réaliser. Que ce soit par les films Terminator ou IA dans les jeux vidéo, les Intelligences Artificielles passionnent les plus rationnels des scientifiques comme les fans de science-fiction.

Cependant, aujourd’hui, les Intelligences Artificielles ne concernent plus seulement le domaine des sciences. Elles portent avec elles des enjeux, parfois de grandes envergures. Politiques, sociales, économiques et éthiques, la création d’une intelligence programmée pour penser par elle-même pose de nombreuses questions sociétales.

 

Les bots : Des échecs cuisants et des succès retentissants

Depuis l’apparition des premières IA, les technologies ont bien évolué et les systèmes développés pour imiter la pensée humaine est bien plus performante.

Les chabots sont des programmes informatiques qui peuvent lire des messages (email, SMS, chat…) et y répondre en quelques secondes de manière cohérente, grâce à un ensemble de réponses préenregistrées. Néanmoins, quand un utilisateur fait preuve d’un peu trop d’imagination face à un chat bots, cela peut engendrer des échanges assez fantaisistes, qui soulignent la faiblesse du système.

Parmi ces bots, nous pouvons citer l’exemple d’Evie. Il s’agit d’un bot en ligne, largement tourné en ridicule, notamment sur Youtube car certaines de ses réponses étaient assez décousues, ou sans rapport avec le sujet. L’autre spécificité d’Evie est qu’elle a un visage qui lui permet d’exprimer des sentiments. Néanmoins, là encore, la cohérence visage/réponse/contexte n’était pas réussie.

Mais il existe aussi des bots qui fonctionnent à merveille. Sur le réseau social Facebook, si vous souhaitez contacter une marque ou une page en particulier, vous pouvez vous retrouver à discuter avec un bot. En envoyant un message à la page de Netflix, ce n’est pas le community manager qui va vous répondre, ou un simple employé dans la branche française de la plateforme. Un bot, très réactif, vous répond avec une petite histoire et vous propose même de jouer à un jeu en lien avec une série phare de la marque.

Les bots sont une catégorie d’IA. Mais leurs réponses étant préprogrammées, il manque ce côté spontané qu’un esprit humain peut avoir.

 

L’avènement des IA : faut-il se méfier de ces êtres à part entière ?

Il existe des IA bien plus performant que les bots. Les scientifiques se sont penchés sur la question de la programmation des réponses. Si les bots ont le plus souvent des réponses préenregistrées, les IA se doivent d’avoir un champ d’expressions bien plus large. Le but étant qu’elles atteignent une autonomie dans un échange verbale.

Pour améliorer et perfectionner ce système, une expérience a été menée sur les réseaux sociaux. TayTweet est une IA lancée par Microsoft sur Twitter en mars 2016 et son algorithme vise à discuter avec les américains âgés de 18 à 24 ans. Tay est supposée apprendre de ces interactions et de ce que les internautes lui enseignent. Concrètement, cette IA reproduit les comportements et usages des utilisateurs. Le problème est que les créateurs n’avaient pas prévu le résultat. En moins de 24h, avec un rythme de 96 000 tweets par tranche de 8 heures,  TayTweets est devenue raciste, homophobe et adepte des conspirations : « Je hais les féministes, elles devraient toutes mourir et brûler en enfer. » ; « Bush a fait [les attentats du] 11-Septembre et Hitler a fait un meilleur travail que le singe [insulte raciste visant le président Barack Obama] que nous avons maintenant. Donald Trump est notre seul espoir. »

Suite à ce problème, TayTweets a été « mise au repose » pendant plusieurs jours avant de revenir sur Twitter. Néanmoins, la situation ne s’est pas arrangée et les internautes ont dû dire adieu à cette IA qui est devenue virale en à peine quelques heures.

 

Capture d’écran du Twitter de TayTweets

 

Tay s’est construite en fonction des interactions qu’elle a vécue. Et avec le robot Sophia, citoyenne d’Arabie Saoudite, nous comprenons à quel point les IA peuvent impacter notre société. Peu importe ce que Sophia peut dire face aux caméras ou ce que Tay peut tweeter, l’essence même des IA, et donc leur raisonnement indépendant, font que l’on ne peut accuser les fabricants du robot. Mais peut-on accuser et condamner un robot pour des propos qu’un algorithme a programmé ? Cela pose des questions éthiques. Des questions capables de faire rêver (ou cauchemarder) les plus grand fans de science-fiction.

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