Haine sur les réseaux sociaux : un phénomène en pleine expansion

De quoi s’agit-il ?

Le harcèlement à l’école n’est pas un phénomène nouveau. Cependant, on assiste de plus en plus à une nouvelle forme de dérive : la haine sur les réseaux sociaux.

C’est avec l’expansion de l’usage des nouvelles technologies, et notamment les réseaux sociaux que ce phénomène s’est répandu en France mais également au niveau international. Aujourd’hui les jeunes postent énormément sur le web, alors qu’auparavant, ils gardaient les contenus pour eux ou leurs proches. Jusqu’au début des années 2000, les photos et les vidéos restaient dans le cercle familial et amical car ils n’étaient pas en ligne.

Mais le fait de poster des contenus sur internet n’est pas anodin. En effet, cet acte peut être lourd de conséquences car il peut très vite devenir viral. Par ailleurs, sur internet, rien ne s’efface. Les contenus peuvent disparaître et réapparaître ailleurs en ligne. Il est donc difficile de supprimer totalement un contenu sur internet. Ces commentaires peuvent nuire gravement sur le moral des personnes concernées.

Les trolls et les haters

Sur internet, on trouve deux principaux types de profils haineux qui sont les trolls et les haters.

Mais quelles sont leurs caractéristiques ? Explications…

Un troll se distingue par sa volonté d’être drôle, de faire de l’humour dans une discussion en ligne, mais dans un sens négatif.Ses interactions avec les autres internautes ne font pas avancer la discussion ou le débat en cours, au contraire.  Il est souvent assez difficile de les repérer car ils n’utilisent pas d’insultes ou de propos haineux.

Ce profil de troll se distingue de celui d’hater. Ils postent ouvertement des contenus haineux et agressifs, leurs commentaires sont plus assumés. On trouve généralement des insultes dans leurs commentaires. C’est ce qui permet de les reconnaître très facilement. Il est aussi plus facile de signaler ces profils-là.

femme qui tape sur son clavier
Credit : Kaitlyn Baker

Mais, dans les deux cas, ces personnes critiques, dérangent par leurs contenus abusifs. De manière générale, ils ont des faux profils et ne mettent pas leur vrai nom dans leur pseudonyme. Ils n’assument pas le fait de poster ces choses-là et se cachent derrière un écran.

Quel est le profil psychologique de ces personnes ?

Une étude réalisée en 2014 par les psychologues Erin Buckels, Paul Trapnell et Delroy Paulhus, chercheurs à l’université de Manitoba, à Winnipeg au Canada, s’intéresse aux profils des trolls et des haters.

Plus de 1200 internautes ont répondu à des questions tournant autour de leur comportement sur internet afin de définir un profil type.

D’après ces chercheurs, les trolls aiment vraiment s’adonner à cette occupation.

Selon eux, troller est le fait de se comporter « de façon trompeuse, destructrice ou perturbatrice dans le cadre social du Net, sans raisons intéressées apparentes ». Ils font donc cela pour leur propre plaisir afin de voir ce qu’il se passe ensuite.

etude sur les trolls
Etude “Trolls just want to have fun”

Ils repèrent plusieurs traits dominants de personnalité : narcissisme, machiavélisme, psychopathe et sadisme. Leurs attaques sont purement gratuites, sans raisons apparentes. Dans leur étude, les psychologues indiquent « [qu’ils ont trouvés]des preuves claires qui indiquent que les sadiques ont tendance à troller parce qu’ils aiment ça. En limitant cette jouissance, l’impact du sadisme sur le troll a été divisé par deux ; et l’effet indirect du sadisme à travers le plaisir était substantiel, significatif »

L’enquête, intitulée « Les trolls veulent juste s’amuser », porte bien son nom…

Le cas des youtubers

Ce phénomène de haine sur les réseaux sociaux est d’autant plus présent chez les influenceurs pour qui les réseaux sociaux sont leur fonds de commerce, et notamment sur la plateforme YouTube. Beaucoup de youtubers ont dénoncés ces dérives sur leur chaîne.

page d'accueil youtube
Credit : Christian Wiediger

Le youtuber américain aux 17 millions d’abonnés, Paul Logan, a posté une vidéo sur sa chaîne montrant le corps d’un homme pendu dans la forêt d’Aokigahara au Japon. Connue pour son nombre important de personnes retrouvées mortes par suicide, le youtuber a jugé intéressant de mettre en ligne cette vidéo. Après la publication, Paul Logan a reçu un flot de critiques et d’insultes. Plus que le sujet de la vidéo, c’est la manière dont le youtuber a mis en scène sa vidéo qui a suscité la colère des internautes. En effet, ses remarques sur le fait que le corps était très bleu ainsi que ses blagues à propos du fait que ce moment faisait partie des 5 choses les plus folles qu’il ait faites dans sa vie, n’ont bien évidemment pas plu à la communauté qui lui a fait savoir.

Que l’on soit d’accord ou pas avec cette publication, les commentaires négatifs et insultants ne sont pas indispensables et sont répréhensibles par la loi.

Sana, une youtubeuse beauté, a publié en 2017 une vidéo de près d’une heure où elle parle de son expérience du cyberharcèlement qu’elle a vécu pendant un an. Photomontages, publication de l’adresse de sa mère, commentaires injurieux, étaient postés sur un compte Instagram dédié à la jeune femme. Plus de 5 000 personnes étaient abonnés à ce compte, dont une trentaine commentait régulièrement. Des mails étaient même envoyés aux marques avec lesquels la youtubeuse avait l’habitude de travailler pour la dénigrer et lui faire perdre des contrats. « T’es trop moche », « Tu vas aller en enfer », « Tu es une escroc, une arnaque », « minable comme ta mère », sont les commentaires les moins virulents qu’elle recevait quotidiennement.

Elle a déposé plainte pour harcèlement mais selon elle, la procédure est très longue, et est très difficile pour les personnes fragiles psychologiquement. Il y a un réel manque de compétence sur le sujet. Après un an de harcèlement, elle a réussi à obtenir le nom de la propriétaire du compte Instagram grâce à l’adresse IP. Son bourreau serait une instagrameuse connue dans le monde de la beauté.

Le collectif de youtuber Rose Carpet a réalisé une vidéo afin de dénoncer les commentaires haineux. Dans cette vidéo, on voit des abonnés qui rencontrent leurs youtubers préférés. On leur demande de lire des commentaires adressés à leurs idoles en face d’eux. Au début, les commentaires sont gentils, puis, au fil de la vidéo, ils deviennent de plus en plus agressifs. Les abonnés sont gênés de lire ces commentaires-là, certains s’excusent même alors qu’ils n’y sont pour rien. Le but de cette vidéo est de sensibiliser les internautes au mal que les commentaires haineux font aux personnes visées.

personne de dos
Credit : Aaron Mello

Des solutions mises en place ?

Toutes les plateformes de réseaux sociaux proposent une solution de modération des commentaires. Les utilisateurs ont la possibilité de signaler les profils ou commentaires malveillants que ce soit sur YouTube, Twitter, Instagram ou encore Facebook.

Mais une des solutions les plus efficaces pour lutter contre la haine sur les réseaux sociaux serait d’éduquer les enfants dès le plus jeune âge, notamment à l’école. Il faudrait présenter les comportements en ligne, expliquer que parler sur le web et dans la vie réelle est exactement la même chose. En effet, on ne tolère pas d’insultes dans la vie alors pourquoi l’accepterait-on sur le web ? Les conséquences sont les mêmes que dans les deux cas. Cela peut conduire à des suicides.

Mais comme dit plus haut, le problème de la lenteur des procédures en décourage plus d’un et les harceleurs ne sont pas souvent punis. C’est d’ailleurs pour cela qu’il y en a autant sur internet.

Il faudrait que le gouvernement se penche vraiment sur la question afin de faire évoluer les comportements.

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