Les enceintes intelligentes s’introduisent peu à peu dans les foyers français. Elles sont déjà bien implantées aux Etats-Unis. En 2020, 75% des foyers américains seront équipés d’enceintes intelligentes selon l’entreprise Gartner. La guerre est lancée entre les géants du numérique : Amazon, Apple ou encore Google n’hésitent pas à casser les prix de leurs appareils pour prendre la main sur le marché français.
Quels nouveaux enjeux pour nos médias ?
Selon une étude menée par l’IFOP (Institut Français d’Opinion Publique) auprès de 1500 français et plus de 400 possesseurs d’enceinte intelligente, il s’avère aussi important de faire partie des moteurs de réponses des assistants vocaux que d’avoir un bon référencement Google. Les utilisateurs des enceintes intelligentes ont d’ores et déjà pris l’habitude de demander à leur appareil de lancer la musique, la radio ou de les informer sur l’actualité. Autant dire qu’une radio non référencée sur cette nouvelle technologie perdra les auditeurs qui auront privilégiés les enceintes à la traditionnelle bande FM. L’IFOP indique que 20% des utilisateurs interrogés déclarent avoir changé leur habitude de consommation en matière de médias à la faveur d’une marque qui apparaissait dans le store de l’enceinte ou parce qu’ils s’en sont remis à la marque média utilisée par défaut.
Renouvellement de l’offre éditoriale
L’étude de l’IFOP révèle également l’attente concernant les interactions entre l’utilisateurs et l’assistant vocal. Celles-ci doivent être courtes et efficaces, autant dans la requête formulée que dans la réponse reçue. “Quelles sont les nouvelles aujourd’hui ?” adressée à l’assistant vocal de l’enceinte intelligente pourrait bien révolutionner notre façon de consommer l’information.
Olivier Lendresse, directeur du numérique à Europe 1 a expliqué ne pas avoir attendu l’arrivée des enceintes intelligentes en France pour s’y intéresser, mais d’avoir étudier cette nouvelle technologie dès fin 2017. Outre les aspects techniques de l’appareil, les discussions au sein des médias tournent autour de la manière dont ils vont s’en servir. Emmanuel Alix, directeur du pôle numérique du groupe L’Équipe explique “Quand on a commencé à discuter avec Google et Amazon, on s’est demandé : ‘qu’est-ce qu’on sait faire ?’. La réponse est simple : de l’info. Donc on a pensé à un petit flash quotidien“. Ce type de format est actuellement le plus utilisé par les médias d’information grand public. En revanche les radios et télévisions ont un avantage sur la presse écrite, puisqu’ils délivrent l’actualité avec la voix et ont déjà le savoir-faire de l’information audio. En ce qui concerne la presse écrite, Le Parisien a fait appel à des journalistes ayant eu une expérience en radio ou en télévision, et tente de se démarquer par le contenu. “Le défi maintenant, c’est de renouveler les manières d’écrire l’information. Il faut se demander ce qu’on peut inventer. On travaille sur l’interactivité, les nouvelles formes de narration” déclare Olivier Lendresse.
Un modèle économique ?
Les échanges entre l’assistant vocal et l’utilisateur ne permettent pas d’intégrer de la publicité, alors qu’elle est une source considérable de financement pour bon nombre des médias. Amazon, Apple et Google n’acceptent pas de sponsoring dans les applications proposées. “Il n’y a pas encore de modèle économique sur les enceintes intelligentes, on ne gagne pas d’argent”, confirme Emmanuel Alix.
Cependant le premier défi à relever pour les patrons des médias d’informations est celui d’être présent dès le départ sur ce nouveau moyen de diffusion, alors que le débat est déjà abordé sur la dangerosité de cette nouvelle technologie concernant la protection des données utilisateurs.