Pour commencer les interventions sur la « culture : approches socio-économiques », Gérôme Guibert, maitre de conférence en sociologie de l’Université Sorbonne Nouvelle, est venu présenter ses travaux, en collaboration avec Catherine Rudent, sur la billetterie et la captation de la musique actuelle.
Gérôme Guibert, pour avoir travaillé particulièrement sur le métal, s’est intéressé à la musique et son tournant numérique. Il a pu se rendre compte du peu de travaux réalisés sur les concerts. Les mutations très récentes liées au numérique en sont une première cause.
Ainsi, l’enquête est à son début et se base sur des débats avec les professionnels de la musique actuelle. Les premières récoltes d’informations du sociologue proviennent donc de séries d’entretien avec les acteurs de la filière et permettent une enquête qualitative. Bien sûr, des données de seconde main, des statistiques, permettent une vue plus quantitative.
Depuis les années 2000 et 2010, le numérique a amené une grande transformation de la filière du live et l’industrie de la musique basée sur la vente de musique enregistrée. Initialement, la musique live était avant tout de la promotion d’un artiste et non du profit. Cette tendance a évolué et l’enquête du sociologue cherche à comparer la publicité et les lives.
À l’aube du XXIème siècle, l’économie de la vente des musiques enregistrées à commencer à chuter, ce qui a amené une reconfiguration. Dès lors, on cherche à capter la valeur de la musique actuelle et nous pouvons voir l’apparition d’un nouveau type de modèle : 360°.
L’artiste peut générer de la valeur via la vente de produits, l’utilisation de son image ou encore en organisant des concerts, de la musique live. Les recettes qui viennent du concert sont supérieures aux recettes qui viennent de la production de musique. Gérôme Guibert perçoit finalement que le 360° ne s’effectue pas uniquement autour de l’artiste, mais aussi autour du client. Ce dernier arrive pour voir un spectacle mais on peut peut-être lui vendre autre chose (place de parking, emplacement de camping, merchandising…).
Gérôme Guibert développe la problématique de la vente de billet : traditionnellement, l’activité de vente du billet n’a rien de stratégique. C’est un droit d’entrée par des promoteurs locaux (au plus près de l’organisation, ils ont la gestion de la billetterie et de la sécurité) mais maintenant, il n’est plus vraiment nécessaire d’avoir une personne physique pour s’en occuper. Les billets peuvent être achetés électroniquement et légalement depuis 2007.
Assez rapidement, les magasins physiques ont eu un rôle qui a décru assez rapidement. La vente de billets numériques est plus importante de celle de billets physiques et la sous-traitance de la vente de billet a été déléguée à des entreprises. Plus particulièrement à une oligopole d’entreprises dédiées au nombre de 3 principales : Ticketnet, France Billet et Digitick. La billetterie devient un enjeu global et plus local. L’accroissement de la taille des festivals a induit une industrialisation très récente et conduit même à la peur de la naissance « d’un google du concert ».
Finalement, comme la musique live devient importante en termes de chiffre d’affaires et que le consommateur se retrouve face à une multiplicité de sites, la question du streaming et celle de la vente du billet surgissent. Les plateformes ne sont pas les mêmes et celles de streaming ont du mal à exister, car elles ont besoin d’un catalogue par maison de disque, ce qui est coûteux. Mais aujourd’hui que le streaming sort la tête de l’eau, les sites cherchent à s’illustrer les uns parmi les autres, comme Spotify qui relève une track-listing pour écouter les morceaux d’un concert avant même ce dernier.