CUMEN 2018

« Cultures des médias / numériques – étude internationale,
transfrontalière et interculturelle »

COLLOQUE international / International conference CUMEN 2018

5-7 décembre 2018 Campus Fonderie, UHA, Mulhouse

avec le soutien de NovaTris, de l'Universite de Haute Alsace et de la Région Grand Est

 

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Suite à la première édition, en 2014, cet événement international revient à la Fonderie et s’ouvre cette année au grand public. Il s’inscrit dans un contexte sociétal majeur: la place des médias dans notre vie et la diversité de leurs usages. Par le biais de ce colloque, de nombreux sujets seront abordés et discutés: la place des robots dans notre société, les Fake news, les incivilités sur les réseaux sociaux, la crise de confiance des médias, le populisme, la régulation des données personnelles, les industries culturelles, l’amitié sur les réseaux sociaux ou encore l’éducation aux médias.

Plus d’une vingtaine de conférences seront présentées par de nombreux chercheurs issus de sept pays différents. Ateliers, conférences et tables rondes dynamiseront le débat tout au long de ces trois jours.

Également au programme, des rencontres avec les principaux acteurs du numérique à Mulhouse comme l’Ecole de E-sport Power House Gaming ou le Fab Lab TechniStub.

Date et lieu

Du mercredi 5 décembre à 13:00 au vendredi 7 décembre à 13:00

Université de Haute-Alsace – Campus Fonderie

Amphithéâtres 1 & 2

16 rue de la Fonderie

68100 Mulhouse

Plan

 

Argumentaire du colloque  :

Questionner la notion d’un espace public transnational médiatisé

La période contemporaine est caractérisée par un processus de globalisation médiatique (Fraser, 2003 ; Volkmer, 2011 ; Giddens, 1990 ; Slevin, 2000), une médiatisation grandissante des sociétés (Hepp, 2012 ; Hepp, Hjarvard et Lundby, 2015), qui subissent « l’emprise de la communication », accentué par le vecteur du numérique (Paillart, 1995, Miège, 2007). Ce contexte a récemment fait émerger la thèse d’une construction médiatisée de la réalité, posant en creux la question de communication publique, privée et médiatique à l’ère des données (Hepp et Couldry, 2016). Ce développement est accompagné d’une discussion de la conception habermasienne d’espaces discursifs nationaux (Fraser, 2007 ; Livingstone 2005) étayés par la communication médiatisée d’institutions largement nationales ; dans ce cadre, les médias de masse, capables d’atteindre un public très vaste, comme la télévision ou la presse nationale, alimenteraient une conversation nationale (Wolton, 1990) et participeraient ainsi à la cohésion de la société. Dans le sillage de la diffusion des médias numériques, certains voient se dessiner un espace médiatique transnational, dépassant les frontières des États et leurs sphères d’influence (Volkmer, 2014). Les problématiques d’usage seraient-elles également transnationales ?

Le colloque international CUMEN Cultures des médias numériques à l’ère de la diversité (2è édition après 2014) souhaite répondre à la question de la diversité des usages dans un écosystème qui pousse vers l’homogénéité de la matérialité du numérique, fortement industrialisé.

L’usage est-il transculturel ?

Les outils de communication numérique ignorent de plus en plus les écosystèmes nationaux et partagent leur nature et leur impact à travers une variété de territoires. Ils ne permettent pas seulement le contact entre diverses populations mais produisent potentiellement des modèles d’usage divers. Le programme de recherche CUMEN (2015-2019) a souhaité investiguer ces modèles et mettre les résultats au service de la recherche et des formations universitaires. Il s’inscrit dans les axes de recherches du CRESAT et particulièrement dans les travaux engagés depuis 2013 sur l’usage et la mesure des usages médiatiques et numériques, notamment au travers du premier colloque international Cultures et médias numériques à l’ère de la diversité (3-5 décembre 2014, UHA Fonderie). Depuis 7 journées d’études internationales ont été organisées en France et en Allemagne pour poursuive les travaux. Le chemin parcouru a amené les chercheurs du projet CUMEN, qui trouve ses origines dans une application pédagogique du questionnement des usages, à s’intéresser particulièrement à l’écologie des médias et aux conséquence pour une éducation aux médias contemporaine.

L’écologie numérique sous le prisme comparatif

En raison de la médiatisation grandissante de nos sociétés (Hepp, Couldry, 2016) et de la « révolution numérique » traversant les frontières politiques et sociales et créant de nouvelles frontières  (Rieffel, 2014), l’éducation aux médias est un concept profondément international, et désormais fondamental pour comprendre les enjeux éducatifs. La nécessité de former les citoyens à l’usage des médias et de développer leur esprit critique face aux industries de l’information et à leurs dérives (« filter bubble », théories conspirationnistes, « fake news ») ont contribué à faire de l’éducation aux médias, parallèlement aux questions de régulation des marchés et écosystèmes médiatiques (Sonnac 2013), un enjeu éducatif important et reconnu comme tel dans de nombreux endroits du monde, et ce dès le début du XXe siècle avec l’émergence du média film (Schorb, 1995).

Nous souhaitons savoir ce que la comparaison et l’échange d’expérience au niveau international peuvent apporter à cette discussion, le but n’étant de ne pas seulement œuvrer dans le sens « des capacités dont une personne est dotée, mais des libertés ou des possibilités créées par une combinaison de capacités personnelles et d’un environnement politique, social et économique » (Nussbaum, p.39) au sens de capacitation (Sen). Notre tâche est donc avant tout de comprendre cet environnement.

 

Deutsche Zusammenfassung :

In Zeiten medialer Globalisierung (Fraser, 2003; Volkmer 2011; Giddens, 1990; Slevin, 2000), einer immer größer werdenden Medialisierung der Gesellschaft (Hepp 2012; Hepp Hjarvard und Lundby, 2015), unter dem " Einfluss der Kommunikation, » verstärkt digitale Kommunikation (Paillart 1995 Miège, 2007) die genannten Entwicklungen. In diesem Zusammenhang versteht sich die These einer medialen Konstruktion der Wirklichkeit, verbunden mit der Krise der öffentlichen Kommunikation und der Datafizierung der privaten Medien (Hepp und Couldry, 2016). Diese Entwicklung wird begleitet von einer Diskussion von Habermas Konzeption nationaler Diskursräume (Fraser, 2007, Livingstone 2005), unterstützt durch die vermittelte Kommunikation weitgehend nationaler Institutionen. Im Zuge der Verbreitung von digitalen Medien, sehen einige darin sogar das Entstehen eines transnationalen Medienraums, in dem sich die Grenzen der Staaten und ihre Einflusssphären zu verwischen scheinen (Volkmer 2014). Ist die Nutzung dieser Medien auch transnational?

Die internationale Konferenz Digitale Medien-Kulturen (Cultures des médias numériques - CUMEN) bringt Forscher und Medienpraktiker aus verschiedenen Ländern zusammen. Sie hat zum Ziel, das gemeinsame Forschungsthema - Digitale Medien-Kulturen - unter mehreren Gesichtspunkten vergleichend auszuleuchten. Folgende Themen stehen im Mittelpunkt der Arbeiten :

- Die methodischen Werkzeuge der Mediennutzungsforschung, vor allem die mixed methods, die quantitativ messende und qualitativ beschreibende Beobachtungen vereinen, um den kulturellen Charakteristika der Nutzungsmuster gerecht werden zu können, ohne die Vergleichbarkeit im interkulturellen Kontexte zu verlieren.

- Die Frage der personenbezogenen Daten und ihre zentrale Stellung in der Digital-Ökonomie und im gegenwärtigen gesellschaftlichen Diskurs, oft unter dem sozio-kulturell zu verortenden Titel Privacy.

- Die Medienbildung und digital literacy als gesellschaftlich und politisch wünschbare Elemente mit dem Ziel der selbstbestimmten Handlungsmöglichkeit der Bürgerinnen und Bürger. Die Notwendigkeit, Menschen für die Nutzung der Medien zu schulen und ihre Analyse  der Informationsindustrien und deren Risiken ("Filterblase", Verschwörungstheorien, "Fake News") zu schärfen, trug dazu bei, die Medienerziehung, parallel zu Fragen der Regulierung von Märkten und Medienökosystemen (Sonnac 2013), zu einem wichtigen bildungspolitischen Thema zu machen.

u.a.

Unter Beteiligung der Studenten (Datengenerierung, Focus Groups, Werkzeugentwicklung und -kritik)  wollen die Forscher herausfinden, was Vergleich und Erfahrungsaustausch auf internationaler Ebene bewirken können. Ziel ist es, nicht nur die Frage nach den Fähigkeiten, die eine Person hat, zu stellen, sondern ebenso nach den Freiheiten oder Möglichkeiten, die durch eine Kombination aus persönlichen Fähigkeiten und einem politischen, sozialen und wirtschaftlichen Umfeld (Nussbaum) im Sinne der capacitation (Sen) entstehen. Unsere Ziel ist es, dieses Umfeld besser zu verstehen.

 

English résumé :

In times of media globalization (Fraser, 2003, Volkmer 2011, Giddens, 1990, Slevin, 2000), an ever-increasing mediatization of society (Hepp 2012, Hepp Hjarvard and Lundby, 2015), under the "influence of communication," amplifies digital communication (Paillart 1995, Miège, 2007) and gives credit to the thesis of a medial construction of reality, connected with a recent crisis of public communication and the datafication of private media (Hepp and Couldry, 2016). This development is accompanied by a discussion of Habermas' conception of national discursive spaces (Fraser, 2007, Livingstone 2005), supported by the mediated communication of largely national institutions. With the spread of digital media, some even claim the emergence of a transnational media space, ignoring the borders of nation states and their spheres of influence (Volkmer 2014). Is the use of media becoming transnational?

The International Conference on Digital Media Cultures (CUMEN, 2nd edition after 2014) brings together researchers and media practitioners from various countries. Its aim is to give a comparative perspective to the common research topic - Digital Media Cultures - from a number of perspectives. The following topics are the focus of our work:

- Combining the methodological tools of media use research, especially mixed methods, quantitative surveying and qualitative descriptive observations, in order to meet the cultural characteristics of the patterns of use, without losing the comparability in intercultural contexts.
- Questioning the future of personal data and its central position in the digital economy and in the current social discourse, aka Privacy.
- Investigating media education and digital literacy as socially and politically desirable elements with the goal of the self-determined ability of citizens to act autonomously. The need to educate citizens on the use of the media and develop their critical attitude towards the information industries and their risks ("filter bubble", conspiracy theories, "fake news") contributed to make media education an important educational policy issue, parallel to issues of market regulation and media ecosystems (Sonnac 2013 et al).

With the participation of our students (data generation, focus groups, tool development and criticism), the researchers in the CUMEN research program (2015-2019) want to find out what comparison and exchange of experience can bring about on an international level. The aim is not only to question the abilities that each of us has, but also the freedoms or opportunities that arise through a combination of personal skills and a specific political, social and economic environment (Nussbaum) in terms of capacitation (Sen). Our aim is first and foremost to better understand this environment.

LE PROJET

Le projet CUMEN « Cultures des médias / numériques – étude internationale,  transfrontalière et interculturelle » a pour objectif d’élaborer et appliquer un outillage interculturel pour étudier les usages des médias et des outils de communication dans la région transfrontalière EUCOR.

Avec les résultats, il vise à développer un référentiel de la culture des médias numériques concernant notamment la communauté étudiante, cible initiale, et qui va pouvoir être étendu à d’autres populations par la suite[1].

L’outil central est une auto-évaluation de l’usage des médias avec une part réflexive qui alimente une base de données traitée et ajustée régulièrement alliant quantitatif et qualitatif.  Bon nombre de problématiques se dégagent d’ores et déjà (base actuelle en évolution constante : 250 individus), qui sont nombreuses et centrales pour nos sociétés sur-médiatisées :

  • l’autonomie (Selbstbestimmtheit) des usages ;
  • la gestion du temps entre travail, loisir et médias ;
  • les résistances à certains usages (télévision, réseaux sociaux…) ;
  • la « media fatigue », stagnation et déconnexion ;
  • la gestion des données privées ;
  • la compétence d’usage ;
  • l’éducation aux médias ;
  • les médias et l’apprentissage / la circulation du savoir ;
  • la consommation culturelle ;
  • la typologie des utilisateurs ;
  • la place et l’évolution des médias numériques ;
  • la sociabilité et les médias numériques ;
  • la confiance (dans l’information/ dans les échanges/ dans l’offre de services).

Des méthodologies secondaires permettront de creuser ces aspects et de créer des expériences interculturelles : focus groups interculturels (mixtes), rencontres et observations.

Les résultats de la recherche seront également utiles pour construire des outils de formation à la « littératie numérique » dans un contexte international. Le partenariat avec l’université de Freiburg i.Br. est en cours et un volet avec des chercheurs Suisses complète le dispositif en lien avec des collègues de l’UHA travaillant sur d’autres questions de l’interculturel (mobilité, minorités, migration, diasporas).

Les projets agrégés permettront des travaux de terrain afin de nourrir des comparaisons des usages des médias et explorer la piste transfrontalière et interculturelle.

Les résultats de cette collaboration donneront lieu à des publications internationales et permettront d’enrichir les référentiels pédagogiques autour des questions de l’usage des médias numériques.

Un deuxième volet quitte le terrain de la réception et s’intéresse aux producteurs avec une focalisation particulière sur les nouveaux métiers de médiation comme les « community managers », « tuteurs en ligne » dans les industries culturelles et de services. Le secteur des industries culturelles est le troisième employeur européen[2]. Cependant et contrairement aux secteurs industriels classiques, son ancrage dans l’imaginaire culturel laisse présupposer une contextualisation locale/nationale forte. La géographie de l’industrie culturelle varie également dans le jeu capital/centre-périphérie.

Nos hypothèses : Les productions, les médiations ainsi que les procédures et les valeurs qui motivent les acteurs sont culturellement contextualisées. Parallèlement elles subissent des bouleversements forts engendrés par la mondialisation et propulsés par des technologies numériques qui ignorent de plus en plus les écosystèmes nationaux. Nous postulons que ces différences, entre pays, de centre à périphérie, se manifeste dans les entretiens exploratoires. Dans un deuxième temps, nous nous intéressons particulièrement aux co-productions entreprises par ces mêmes acteurs et leurs expériences avec la gestion de projet interculturelle.

Ces résultats intéresseront les acteurs socio-économiques dont le public est jeune, consommateurs de médias, cible de message ou d’apprentissage.

[1] Ce projet s’inscrit dans la continuité d’une collaboration avec l’université d’Etat de Californie, Chico (CSUC) (« Global Digital Literacy Project »)

[2] http://www.lesechos.fr/01/12/2014/LesEchos/21825-096-ECH_l-industrie-culturelle--troisieme-employeur- europeen.htm