Fabrice Rochelandet, est un professeur d’économie qui s’intéresse à la question des territoires numériques dans une étude méthodologique : Proposition d’outils numérique pour appréhender cette question des territoires numériques. Il prend donc comme sujet d’intérêt l’effervescence artistique associée aux lieux culturels alternatifs dans le Nord parisien.
Beaucoup de friches qui se voient être utilisées comme des friches industrielles ou d’autres liés au prix de l’immobilier. Ce sont donc des lieux de plus en plus éloignés de Paris. Fabrice Rochelandet se demande alors « Comment on peut observer les dynamiques générées par ces lieux ? »
En quoi les territoires sont créatifs ?
Tous les territoires sont créatifs mais certains sont plus dynamiques que les autres, car le tissu culturel et créatif est plus dense et plus différencié. Par exemple : Hollywood, Montmartre, Hoxton, Montréal et d’autres ont fait l’objet de nombreuses études et sont finalement des territoires particuliers et plus enclins à la créativité.
L’économiste Patrick Cohendet propose un cadre analytique, euristique, tel un millefeuille séparable en 3 strates. L’upperground, qui sont des lieux exploitant la créativité, comme des musées. L’underground qui sont des milieux alternatifs, où les artistes sont plus rebelles, à contre courant. Au fond, les deux strates doivent être liées, d’où une troisième strate qui est le middleground.
Comment créer alors de la connexion ?
Le besoin sans arrêt de nouvelles tendances est apparu. Le middleground sert de filtre, à rendre intelligible, à traduire ce qui se passe dans l’underground, dont l’accès est difficile cognitivement pour tous. Fabrice Rochelandet reprend la stratégie d’Ubisoft à Montréal. Les acteurs du Middleground d’Ubsiof ont créé des scènes ouvertes… festival, évènements, lieux animés par Ubisoft pour attirer des créateurs locaux.
Intentionnalité marchande
Dans les travaux suivant, l’approche est plus alternative, où le middleground peut servir à autre chose : il a un rôle éco-systémique et permet à un réseau d’acteurs, de lieux, d’interfaces, temporaires ou éphémères, de se coordonner. Donc la structuration d’un monde artistique qui peut créer, mutualiser…
Territoire Nord parisien à travers les lieux qui animent le territoire
L’idée est de caractériser un territoire par ses lieux. Pour Rochelandet, il n’y a pas de séparation entre les lieux underground et le monde mainstream. Des acteurs dits du middleground entre artistes alternatifs et lieux institutionnels. Comment on fait pour caractériser tout ça ? Et pour définir l’underground qui est enterré ?
Fabrice Rochelandet présente ses outils méthodologiques :
- Les entretiens (puisqu’on ne peut pas rester dans la subjectivité du chercheur)
- Des relevés des programmations (via l’aspiration de données, scraping). Ce sont 700 lieux de programmation exploités. On risque toutefois d’écarter les lieux spécialisés dans la création, des lieux dits donc underground, et ce sont justement ces lieux qu’il ne faut pas oublier dans les relevés
- De l’observation directe sur internet
- « Cartes mentales » : cartes cognitives, développées ci-dessous.
Cartes mentales :
Le but de Rochelandet était donc d’aller à la rencontre des artistes et de leur demander trois lieux qu’ils fréquentent et qui les aident plus à la créativité et qu’ils les placent sur une échelle, sur la carte mentale.
En quelques chiffres, ce sont :
- 300 artistes pris dans des lieux très différents, durant la période printemps-été 2017
- 378 lieux cités
- 268 lieux cités une fois
- 50% lieux underground (lieux variés)
Il a donc été vu, par la suite que les lieux alternatifs sont connectés aux lieux créatifs et que les artistes savent reconnaitre les lieux underground des lieux upperground. Les lieux culturels alternatifs (et temporaires) sont différents des lieux institutionnels, mais ils ne sont pas marginaux ou périphériques. Ce sont des lieux que les artistes fréquentent.
Pour conclure, Fabrice Rochelandet nous apprend qu’il faut éviter d’intervenir sur les lieux alternatifs. Il ne faut pas faire remplir des conventionnements, des demandes de subventions, car le risque est que tous les individus aient les mêmes pratiques. Il ne faut pas instrumentaliser les squats ni modifier le réseau. Certains artistes circulent mais en instrumentalisant trop, le risque est de remettre en cause ce territoire créatif !
Pour plus d’informations : cluster93.fr