Cet article reprend les propos énoncés par Stefanie Averbeck-Lietz, Université de Brême, le 07/12/2018 lors du colloque international « Culture des médias numériques » au campus Fonderie de Mulhouse.
En guise de contextualisation, Stefanie Averbeck-Lietz nous replace dans un premier temps à l’origine des réflexions sur les fake news, à savoir le 19 février 1933 et le dernier congrès pour la liberté d’expression, sur le point d’être supprimée par le parti nazi pour être remplacé par une propagande de masse.
Après ce point historique, nous voilà propulsé à l’heure d’aujourd’hui et les problématiques actuelles auxquelles font face les Allemands. Au premier plan, nous retrouvons la crise dans la communication à propos des réfugiés, des question de migrations et des étrangers. Souvent victimes de haine publiquement exprimée sur les réseaux sociaux, les immigrants sont toutefois protégés par la loi, visant à réprimer les messages haineux. Et c’est sur ce point clé qu’une étude nommée NOHATE est menée par l’université de Berlin (voir https://www.polsoz.fu-berlin.de/en/kommwiss/v/bmbf-nohate/index.html). Aujourd’hui, l’application de ces textes de loi est laissée à la discrétion des entreprises privées propriétaires des réseaux sociaux, ou encore, par des agences spécialisées dans le tracking de discours de haine. De ce fait, plusieurs problématiques ont été soulevée comme la neutralité des agences ou encore, l’excès de zèle des robots traqueurs, incapables de reconnaître la satyre ou l’ironie. Autre problème soulevé par la commission allemande de l’Unesco, la possibilité d’une loi peut-être trop oppressante avec comme justification la copie de celle-ci par le gouvernement Russe, souvent présenté comme nettement plus pointilleux sur les discours de leurs citoyens (voir https://www.unesco.de/wissen/wissensgesellschaften/erklaerung-von-prof-dr-wolfgang-schulz-vorsitzender-des). En ajoutant à cela les épidémies de fake news et vous obtenez un cocktail de paranoïa, de médias en perte de confiance, de jeunes vivant dans la crédulité de tous les réseaux sociaux ou encore l’escalade de la haine envers tout et pour tout, notamment les journalistes, accusés de relayer des contenus erronés ou non vérifiés. Tous ces éléments forment le concept de l’incivilité.
Alors, comment comprendre l’origine de cette notion ? Stefanie nous offre un axe en associant les fakes news en tant qu’outil de communication et de désinformation et les discours de haine orienté vers les revendications et le populisme. Ensemble, ils forment l’incivilité. La définition donnée ressemble est : une dégradation verbale envers des personnes et/ou leurs actions, idéaux, buts utilisée en tant qu’élément de communication publique. Ces incivilités sont ensuite catégorisés en 4 niveaux, la délibération, la moralisation, le discours de haine et enfin les discours dangereux, chacun ayant des caractéristiques propre dans un ordre croissant de virulence. La moralisation est par exemple perçue comme une caractéristique de nos discours quotidiens là où les discours dangereux comportent des éléments comme la déshumanisation ou l’exclusion d’une partie de la population.
Au final, Stefanie nous propose 3 idées pour comprendre la nation à savoir, une définition de l’incivilité puis les concepts d’analyses par classification qui offrent une perspective intéressante sur notre monde social et médiatisé.